Beaucoup de livres post-11-septembre sur l’islam tentent d’expliquer le mouvement intégriste, sous un aspect sociologique, historique, psychologique ou sécuritaire. Paradoxalement, très peu d’ouvrages se concentrent sur les moyens de le combattre. Or c’est probablement là le principal sujet d’intérêt des dirigeants politiques, aux prises avec cette menace qui a déjà causé sa part de dégâts en Occident (à New York, Paris, Londres, Madrid, pour ne citer que ces villes-là).
Ironiquement, c’est un Arabe musulman qui s’attarde sur le sujet, soit un auteur vivant en France mais originaire d’un pays qui peut dire une chose ou deux sur la violence islamiste : l’Algérie. Déjà, en cela, l’ouvrage pique la curiosité et ne déçoit pas les attentes, tant le propos du journaliste indépendant est réaliste.
D’emblée Mohamed Sifaoui ne cache pas sa position. Pour lui, le phénomène islamiste n’est rien de moins qu’un fascisme. Ennemi de l’Occident, certes, mais aussi et avant tout, des musulmans eux-mêmes. Cette « hydre » doit donc être combattue en tenant compte de sa nature réelle : une idéologie meurtrière. Mais comment ? Il n’y a pas de solutions simples, mais un amalgame de mesures qui, ensemble, permettront, du moins en partie, d’atténuer ses potentialités fâcheuses, notamment en termes de pertes en vies humaines.
Le point de départ : criminaliser l’idéologie islamiste. Pas l’islam comme religion, mais sa dérive islamiste, qui fait de tous ceux qui n’y adhèrent pas des apostats ne méritant pas autre chose qu’une mort violente. Mais sans que cette lutte frontale ne mène à une « guerre de civilisations », ce qu’elle n’est nullement (malheureusement, déplore Sifaoui, l’équipe actuelle à Washington a plutôt contribué à envenimer les perceptions néfastes et ainsi à augmenter la motivation des islamistes).
Ce sont là, selon moi, les commentaires les plus singuliers de cet ouvrage. Pour le reste, mais sans que cela ne manque d’intérêt, l’auteur suggère quelques avenues « administratives » visant à renforcer la guerre aux islamistes : mécanismes de contrôle accrus des immigrants, immigration davantage « choisie » (ce que nous faisons au Canada, mais c’est un thème tabou en France), accompagnement des nouveaux arrivants, éducation civique, cassure des ghettos, révision des lois de la naturalisation, pour ne nommer que ces mesures.
Ce sont des suggestions qui conviennent mieux au cas français qu’au nôtre. Elles sont toutes animées d’une même vision : mieux agir en amont plutôt qu’après les actes de violence. Et le conseil est tout à fait pertinent pour le Québec et le Canada.