Éric Charlebois est considéré comme l’un des chefs de file de la « nouvelle poésie » franco-ontarienne. Il perpétue, à sa manière, la tradition inaugurée par les poètes qui ont affirmé avec brio l’identité franco-ontarienne – on pensera aux poètes fondateurs des éditions Prise de parole, tels Jean Marc Dalpé, Patrice Desbiens, Robert Dickson.
Et notre « jeune poète », de quoi parle-t-il ? Quelle est sa « voix » ? Celle-ci crie une révolte langagière curieusement esthétisée, liée à une condition humaine jugée plus qu’absurde Elle dévoile un « mal de vivre » perpétuel parfois transfiguré par une écriture qui tente de tout s’approprier. L’être humain n’apparaît que comme un simple « survivant » abandonné de Dieu, du monde À cet égard, notre poète est presque méchant : « Nous faisons partie de la même / gangue. / Je crache cru / la vérité dure et / drue ». Et on a aussi l’impression que l’humanité détruit tout ce qui pourrait la faire belle malgré quelques inévitables moments de grâce : tout cela en l’absence d’un « mystère de l’humain » à découvrir. « Pourquoi chercher le mystère de l’univers ? Pour se suicider plus tranquillement ? » Même que notre liberté serait trompeuse, une bizarre invention Nous sommes LÀ, sur terre, sans vivre – figés, inertes, inanimés et délirants de non-sens. Voilà !
Toujours est-il que ce « jeune poète » est lucide ; il hérite de cette poésie à connotation existentielle – dévoilant notre « inhumanité », ce « Tout qui n’est pas vrai », comme l’a jadis évoqué Adorno -, qui a coloré une période de notre histoire littéraire. Cependant, dans l’ensemble, Éric Charlebois en met trop, son écriture est surchargée d’effets de sens, de jeux de mots, car il joue allègrement avec la syntaxe. Ce qui, parfois, agace réellement.