Née en ex-Yougoslavie, immigrée d’abord en Suisse puis au Québec, Maya Ombasic semble avoir trouvé dans la culture cubaine de quoi nourrir son imaginaire : en effet, des êtres en quête de leurs origines, d’autres à la recherche de la liberté et, enfin, une mer omniprésente peuplent les sept nouvelles d’un tout petit recueil dont le titre évoque la grande île en forme de lézard.
Les Cubains dépeints par Ombasic sont des êtres grands comme des légendes, tantôt énigmatiques, tantôt émouvants, empreints de la sensibilité palpable de leur créatrice et sculptés par son regard affûté d’étrangère. Singulière communion que celle de Maya Ombasic avec ces insulaires d’un autre monde, celui des sensuelles beautés métissées, des rues colorées, des ruines coloniales et des rêves démesurés. Mais l’auteure a aussi une pensée pour les disparus qui, on le sent, occupent une place particulière dans son univers ; « La mer, cet immonde cimetière » en témoigne – « Au pied des cyprès solitaires, les sépulcres délavés par les pluies tropicales témoignaient de la fugacité des vies, dévorées par les passions et les remords » – tout comme quelques autres nouvelles évoquent le départ d’êtres chers.
Les thèmes du recueil de Maya Ombasic évoquent non seulement la réalité cubaine mais aussi celle de tous ceux et celles qui cherchent au-delà du présent un temps béni où les rêves se réaliseront, où l’attente de la « vraie vie » sera enfin récompensée. Bref, les textes finement ciselés de Chroniques du lézard trouveront écho chez ceux qui pensent avec espoir au lendemain, chez ceux également qui croient que viendra un temps où l’attente du « Grand Jour » sera révolue, à l’instar de bien des Cubains qui laissent porter leur regard bien au-delà de la mer, cette frontière mouvante qui les sépare d’un continent mythique dont ils rêvent un jour de fouler le sol. Maya Ombasic touche une corde sensible chez tous les humains, celle de la nostalgie d’un paradis perdu ou d’un eldorado à conquérir.