Sous ce titre et ce nom à références poétiques se cache un récit vif, enjoué, jeune, ironique, moqueur, terre-à-terre, humoristique et résolument contemporain. Sensible, aussi. Un style qui rappelle nettement celui de Stéphane Bourguignon, peut-être en moins pyrotechnique, mais le vocabulaire y est plus riche. Dans les deux cas, l’art de cultiver le détachement, le sourire en coin, voire l’autodérision, pour avoir l’air de ne pas se prendre au sérieux, mais sans dédaigner de livrer candidement au lecteur le fruit d’une pressante introspection. Qui suis-je, au milieu de la trentaine ? Pourquoi suis-je incapable de croire à une relation amoureuse ? « Rien ne justifie cette inexplicable affection qu’elle a pour moi […] ; elle doit croire que le cœur est intarissable, le désir aussi, tant qu’on y est ! ‘ qu’on peut se protéger des ouragans, que les fruits ne pourrissent pas, que l’enfer n’est pavé que de mauvaises intentions, qu’on peut réussir sa vie, et quoi encore ? »
Jack a du mal à vivre avec l’idée que Monica a failli mourir à cause d’une imprudence de sa part. Elle a survécu, mais ne pourra jamais avoir d’enfants. Le Cessna dans laquelle elle prenait place, avec Jack aux commandes, s’est écrasé.
Alors Jack fuit. Il commence par kidnapper, à l’hôpital, le frère de Monica, tout son contraire, un type qui vit à plein et au présent (au gré de sa cyclothymie) ; ils prennent en chemin une jolie Nuna qui fait du stop, et tout ce beau monde descend vers nulle part, plus exactement aux États-Unis. Là-bas, dans le Maine, en Floride, puis dans les dépressions (géographiques, barométriques et psychologiques) de la Louisiane, Jack vivra diverses situations qui l’aideront à mieux se comprendre, à se situer et, espérons-le, à reprendre en main sa vie et son gouvernail.
Une histoire linéaire dans l’ensemble mais vivifiante et pleine de couleurs dans le détail. Or, un roman, c’est un peu comme une vie : ça se savoure page par page.