Au printemps 1832, alors qu’une épidémie de choléra sévit dans Paris, Lodran, médecin haïtien et ami d’Alexandre Dumas, soigne tout le monde, sans distinction de classe, ce qui est pour le moins inhabituel pour l’époque. Céleste, quinze ans et demi, nièce du peintre Paul Huet, fait un jour la rencontre du médecin, beaucoup plus âgé qu’elle, dont elle tombe éperdument amoureuse, au grand désespoir de son oncle, lui-même épris de l’adolescente qu’il ambitionne d’épouser. Or Lodran, homme de couleur honni de ceux-là mêmes qu’il soigne, est à tort accusé d’avoir empoisonné un notaire et doit quitter le pays. Passions, déchirements, sentiments contradictoires, lyrisme on se croirait dans un roman du XIXe siècle !
Céleste donne en effet dans le style romantique : désaveu des valeurs sociales et morales qui ont cours, cohabitation de héros fictifs et de personnages réels, culte de la nature, revendications des droits de la femme, ardeur des passions, langage pathétique et sentimental : « Le souffle léger de Céleste soulevait à peine sa poitrine. Paul percevait dans ce souffle, relié à celui du Grand Poumon, un peu de la vérité universelle et de l’éternelle compassion, le secret du repos divin et celui d’une paix bien concrète. Oui, il était question jusque-là de poésie charnelle, délicate et pudique, mais il fallait déceler dans l’art discret d’une courbe, prête à sourdre, une force créatrice sur le point d’emplir le monde de sa matière d’amour ». Auteure de romans historiques, Martine Le Coz excelle à rendre une atmosphère sans pour autant pécher par excès de descriptions d’époque. Son style est dense, sa plume, alerte. Réussite couronnée par le Prix Renaudot, Céleste dépayse et séduit le lecteur contemporain, à condition, bien sûr, de goûter le genre.