La gestion des établissements carcéraux ainsi que du contrôle judiciaire connaît, aux États-Unis, une dérive dans laquelle des frais imposés aux contrevenants servent au financement de prisons et génèrent des profits. D’où une explosion du nombre d’incarcérations dont sont l’objet surtout les Afro-Américains.La présente traduction de Carceral Capitalism comporte une préface de Dalie Giroux et une postface de Gwenola Ricordeau. Une précédente traduction en français est déjà parue, en France, aux Éditions Divergences en 2019.Après avoir connu une vie familiale et personnelle particulièrement difficile, Jackie Wang est maintenant candidate au doctorat et enseigne à la prestigieuse Université Harvard. Son intérêt pour le système carcéral américain découle certainement du fait que son frère aîné purge en ce moment une peine de quarante ans sous de sévères conditions. Elle est donc bien placée pour connaître les méthodes institutionnelles instaurées pour puiser dans les poches des condamnés ainsi que celles de leurs familles, souvent mises à contribution. Ainsi, un service de courrier électronique payant est offert aux détenus, de même qu’un très coûteux service de communication vidéo. Service sans doute fort populaire, les téléphones portables étant interdits (quoique de plus en plus disponibles en contrebande, souvent par l’intermédiaire de gardiens).L’essai de Jackie Wang déborde le cadre suggéré par son titre puisque, au-delà du système carcéral, elle y aborde la question du financement de certaines municipalités par un quasi-rançonnement d’une partie des quartiers défavorisés au moyen d’un système d’amendes et de frais infligés à répétition. Elle y décrit également les dérives d’un système de libérations conditionnelles privatisé vampirisant financièrement les prisonniers et maintenant des peines de dizaines d’années – parfois prononcées alors que le condamné était mineur – sans plus d’émotion que s’il était question de commander un café.Un livre qui ouvre les yeux sur un système carcéral déshumanisé voulant tirer profit de la mise au rancart d’une partie de la population américaine. Et qui, de ce fait, démontre que le capitalisme sauvage n’a décidément pas de limites. Un ouvrage que les personnes préoccupées par les questions de justice sociale doivent lire.
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