BQ propose une édition revue et augmentée de Brève histoire du progrès, publié la première fois en 2004 et traduit en vingt-quatre langues depuis. L’ouvrage a été vendu à plus de 500 000 exemplaires et a figuré sur la liste des meilleurs vendeurs canadiens pendant plus d’un an.
S’il reconnaît quelques découvertes remarquables depuis 2004 (par exemple celle de nouvelles branches d’hominidés comme l’Homo floresiensis ou encore les Denisoviens) « le cours des événements n’a […] pas dévié de sa trajectoire alarmante », estime Ronald Wright.À la manière d’un Yuval Noah Harari dans Sapiens, mais en plus succinct et en plus pessimiste, Wright fait de son essai une synthèse du développement des sociétés humaines depuis l’apparition des premiers hominidés en Afrique il y a des centaines de milliers d’années jusqu’à leur domination totale de la planète aujourd’hui. Il en analyse également les conséquences.« Une planète saccagée et pillée, privée de diversité et de vie sauvage et de résilience, et jonchée de rebuts », tel est le bilan de l’activité d’Homo sapiens sur Terre depuis son apparition. « Le progrès, écrit Wright, a une logique interne qui, au-delà de la raison, peut mener à la catastrophe. » Il cite l’exemple des armes : « Il a fallu près de 300 000 ans pour passer de la première pierre éclatée à la première fusion du fer. Trois mille ans seulement ont séparé le premier fer de la bombe à hydrogène. »Parlant de l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui, il écrit : « [C]ontrairement aux autres singes, nous avons trafiqué […] plus que jamais notre destinée. Il y a belle lurette qu’a disparu cette illusion du siècle des Lumières, l’Homme naturel […]. Nous sommes devenus les créatures expérimentales de notre propre fabrication ». Bref, l’acquis a pris le dessus sur l’inné, la culture sur l’instinct.Pas de quoi être fier non plus du traitement que nous faisons subir à nos écosystèmes. « Une odeur putride d’extinction suit Homo sapiens dans son périple autour du monde. » Aujourd’hui, 96 % de la biomasse terrestre est composée d’humains et d’animaux domestiqués, la vie sauvage n’occupant plus que 4 % de celle-ci. Ce n’est donc pas d’hier que l’Homme pille et épuise son environnement.Cette Brève histoire du progrès se lit donc comme un dossier à charge contre l’humanité. Le « progrès » dont il est ici question ressemble à une longue marche vers l’extinction de l’espèce humaine, celle-ci recherchant toujours la satisfaction à court terme plutôt que de réfléchir et d’agir pour le long terme. Avec son sens aigu de la formule, Ronald Wright écrit : « [N]ous faisons fonctionner un logiciel du XXIe siècle sur du matériel dont la dernière mise à jour remonte à 50 000 ans ou plus ».Dérangeant, stimulant, stressant, éclairant, Brève histoire du progrès est tout cela à la fois. Mais la thèse extrêmement pessimiste de Ronald Wright sur l’avenir de l’Homme (ou son non-avenir plutôt) n’est pas de nature à réjouir tous les lecteurs. Déprimés de toute nature s’abstenir.