Voici le deuxième livre consacré à Bob Dylan, publié au Québec, après l’excellent Blowin’ in the Wind, Les parcours de Bob Dylan de Michel Jacques (Botakap, 2000). Ouvrage d’initiation centré sur les disques et non sur la biographie, Bob Dylan au fil des albums est la traduction du livre The Bob Dylan Albums (Guernica, 2002). Anthony Varesi y présente chronologiquement une quarantaine d’albums, des 45 tours restés inédits (comme George Jackson en 1971) et quelques raretés.
En quarante ans, Bob Dylan a indéniablement produit plusieurs disques essentiels, que tous devraient connaître (pensons à Highway 61 Revisited, Blonde on Blonde, Nashville Skyline, Self Portrait, Infidels), mais il faudrait un guide éclairé pour initier le néophyte à l’œuvre qui compte une cinquantaine d’albums, tous réédités en CD. Parmi les volontaires, Anthony Varesi réussit à présenter individuellement chaque album et à fournir beaucoup d’informations, faisant souvent écho aux critiques de l’époque ; mais je pense qu’il ne réussit pas à mettre en évidence les richesses des albums ignorés ou condamnés par des commentateurs souvent influencés par les modes. Ainsi, Before the Flood (1974) me semble être le meilleur disque en concert de Dylan, pour la force et la richesse de sa voix ; mais ici, l’auteur se rallie trop souvent à ceux qui ont dénigré ce disque lors de sa sortie. Et contrairement à Anthony Varesi, je ne dirais pas que New Morning (1970) soit « un disque plutôt raté ».
En somme, Bob Dylan, au fil des albums (1962-2001) n’est pas le premier livre à acheter si l’on veut découvrir l’œuvre. Outre les disques eux-mêmes et les éditions des textes de ses chansons, le plus beau livre sur Dylan demeure – pour la qualité de ses illustrations – la version française du livre-CD Bob Dylan Album 1956-1966 (Fayard, 2005). Il faut aussi lire son autobiographie partielle : Chroniques (Fayard, 2005 ; traduction en français de Chronicles).
Anthony Varesi n’est pas un inconditionnel de Dylan, ce qui donne un livre neutre mais tiède, en dépit de sa grande précision : il n’y a aucune erreur historique, discographique ou typographique. En revanche, j’ai beaucoup apprécié la traduction vivante et sans argot parisien de François Tétreau.