Au fil des années, Jean O’Neil nous a servi de guide. De Stornoway à l’Isle-aux-Grues en passant par Oka, le Saguenay, Lanaudière, la Montérégie ou l’île d’Orléans, ses croquis uniques nous ont fait redécouvrir différents coins du Québec. Avec ce tout nouvel ouvrage, le vingt-huitième sans compter les nombreux collectifs auxquels il a participé, il nous entraîne cette fois non pas dans l’espace mais plutôt dans le temps. Voilà qu’il nous offre tout un collier de récits pour combler une année entière, un peu à la manière d’un almanach, auquel ce prolifique écrivain voue une passion de jeunesse.
Et que se passe-t-il dans une année selon Jean O’Neil ? Que faut-il faire ? Quels lieux visiter ? Quelles activités choisir ? Sur quoi s’attarder pour traverser les saisons ?
D’abord et avant tout, une seule obligation : ne pas répondre au téléphone. Le répondeur se chargera d’engranger les messages des uns et des autres et, surtout, de transmettre les étonnants alibis de l’auteur. Comme, par exemple : « La canicule est un temps de chien, et comme il fait trop chaud pour répondre au téléphone, les chiens restent couchés à l’ombre, sur le dos, un verre de limonade sur le nombril. Si on leur laisse un message au son du top, ils rappellent à la tombée de la nuit. Surtout les soirs de pleine lune ».
Et ensuite ? Eh bien ! Il s’agit, par un ciel dégagé de janvier, d’admirer les Quadrantides, véritable bouquet d’étoiles filantes aussi abondantes que les Géminides en décembre et les Perséides en août. D’écouter l’eau chanter dans les fossés ou valser sur l’air du « Beau Danube bleu » en mars ou pourquoi pas de faire un pique-nique avec les enfants sur le pain de sucre de la chute Montmorency. D’attraper d’innocentes couleuvres en juin. Ou de relire Alfred Desrochers en août et William Shakespeare en octobre.
Et puis encore ? Se rappeler que Jean-Sébastien Bach, dont l’auteur se plaît à chanter à tue-tête la cantate « Jesu bleibet meine Freude », « Jésus que ma joie demeure », est né un 31 mars alors qu’un certain Conrad Kirouac est, lui, né un 3 avril 1885 à Kingsey Falls avant de devenir ce frère Marie-Victorin qui « par sa Flore laurentienne parue en 1935, […] a présenté une réalité québécoise au reste du monde, ce que le reste du monde est encore loin d’avoir rendu au Québec ». Célébrer, le 16 décembre, l’anniversaire de naissance de Catherine d’Aragon, première infortunée épouse d’Henri VIII qui s’est acharné à la répudier en toute impunité afin d’épouser Anne Boleyn dont il espérait un héritier mâle pour la couronne d’Angleterre, ou celui du génial compositeur allemand Ludwig van Beethoven ou encore celui de Jean O’Neil !
Bref, douze perles tout en finesse veinées de fantaisie et d’une touche d’humour qui donnent l’envie de prendre son temps et d’apprécier les mille et un petits bonheurs toujours à notre portée. Du grand O’Neil !