La courte biographie consacrée par Hélène Marcotte à Benjamin Sulte atteint correctement son objectif, qui est de mettre en lumière, en les résumant, les faits les plus marquants d’une vie que l’auteur a consacrée à l’écriture, et tout particulièrement à l’édification d’une œuvre historique. Accompagné de nombreuses illustrations, le texte s’appuie volontiers sur une correspondance variée et pertinente.
Orphelin de père à six ans et autodidacte, le Trifluvien de naissance (1841) passa la majeure partie de son existence à Ottawa, où le conduisit sa condition d’officier militaire et où il s’établit comme fonctionnaire fédéral. En littérature, il publia deux recueils de poésies, Les Laurentiennes (1869) et Chants nouveaux (1880), de même que des contes et des nouvelles. Il a Suvré aussi, souvent comme membre fondateur, dans diverses associations, dont le Cercle littéraire de Trois-Rivières et, dans sa ville d’adoption, la Société Saint-Jean-Baptiste, le Club des Dix, l’Institut canadien-français, la Société royale du Canada… C’est en 1882-1884 qu’il publia « son œuvre maîtresse », à savoir son Histoire des Canadiens-français [sic], 1608-1850, en huit volumes. L’image peu flatteuse qu’il donne des Jésuites et de Mgr de Laval lui valu alors une « avalanche d’invectives et de reproches ». Benjamin Sulte souleva d’autres polémiques, notamment quand il traduisit l’Histoire populaire du Canada de John Castell Hopkins, dont on trouva le point de vue « faussé, méchant et pervers », et lorsqu’il publia son « article incendiaire » contre Octave Crémazie. Au total, il a laissé « une trentaine de livres et de brochures », des « centaines » de conférences et des « milliers » d’articles.
Collection « Célébrités » oblige, Hélène Marcotte donne de l’écrivain une image toute positive, laudative même : « plus qu’aucun autre à son époque, Benjamin Sulte a contribué à la propagation de l’histoire du Canada français ». Mais le texte n’en laisse pas moins subodorer les aspects moins glorieux de cet homme sans doute un peu fragile et vaniteux qui semblait se cabrer devant la discussion. Dans le même ordre d’idées, on peut questionner le rôle de victime qui s’affiche lors de la séparation d’avec sa femme d’abord, puis d’avec sa sœur, qui le « chass[a] » de la maison commune où ils vécurent de 1912 à 1920, quelques années avant sa mort.