Voici enfin l’histoire de Beau Dommage, dont l’ampleur est de nos jours inimaginable : en 1975, la compagnie Capitol reconnut que ce groupe montréalais avait vendu au Canada plus de disques que Paul McCartney ou Pink Floyd ! Écrit par un véritable expert, ce portrait de groupe est passionnant du début à la fin.
La « préhistoire » du groupe révèle des épisodes peu connus, par exemple l’engagement de Marie-Michèle Desrosiers qui a lieu en 1973, à la suite d’une audition où deux très bonnes candidates s’étaient présentées ; sa voix magnifique s’insérait parfaitement entre celles de Pierre Bertrand et de Michel Rivard, donnant à leurs chansons une couleur unique que l’on reconnaît immédiatement. Par ailleurs, on savait déjà que les membres du groupe avaient même proposé au chanteur Donald Lautrec d’interpréter leurs compositions, en 1972, sans que ce projet se matérialise.
On évoque les débuts du groupe, toutes ses tournées, mais aussi le fameux spectacle collectif « O.K. nous v’là » qui réunissait simultanément tous les grands groupes montréalais sur une scène du Mont-Royal : Beau Dommage, Harmonium, Contraction, Octobre, en plus de Raoul Duguay et de Richard Séguin. C’était un peu la version québécoise du « Concert for Bangladesh » de George Harrison. Ce spectacle fut télédiffusé en direct, mais jamais repris intégralement. En France ou aux États-Unis, il y a belle lurette que cet événement exceptionnel se trouverait réédité en CD et en DVD.
Tous les albums du groupe et chacune de leurs 64 chansons sont présentés individuellement ; on aurait sans doute aimé connaître l’ordre chronologique de leurs compositions, les dates précises de leurs enregistrements, mais quelqu’un le sait-il ? On apprend que certaines pièces comme « Le blues d’la métropole » avaient été composées bien avant d’être enregistrées. Quelques inexactitudes subsistent à propos de détails connexes : l’engagement de Ringo Starr par les Beatles était antérieur à leur audition auprès de George Martin ; on aurait dû parler de La Bolduc ou de Mary Travers au lieu de « Mary Bolduc ». Mais ne boudons pas notre plaisir, car ce livre richement documenté servira de référence exhaustive sur l’un des plus grands groupes de l’histoire du Québec.