À l’instar de son héros Baudolino, Umberto Eco se joue allègrement des frontières : philosophe de formation, il commente l’actualité dans des journaux italiens et connaît un remarquable succès en tant que romancier depuis la parution du Nom de la rose. L’originalité des romans d’Eco tient précisément à un savant mélange des genres : chronique historique, intrigue policière, réflexion philosophique et théologique. Ces éléments constituent également la trame de Baudolino, mais ils s’intègrent dans un récit qui évoque surtout la verve rabelaisienne et la tradition picaresque.
Alors que l’Empereur Frédéric Barberousse tente de mater la rébellion des villes italiennes, il découvre Baudolino, un jeune paysan hâbleur et menteur dont l’audace et le tempérament le séduisent. Il décide d’en faire son fils adoptif. Quelques années plus tard, Baudolino est envoyé à Paris afin d’étudier à l’université. Il y fait la rencontre de la plupart des personnages qui l’accompagneront ensuite dans sa quête censée le conduire au royaume du Prêtre Jean, aux confins de l’Orient.
Baudolino est un récit foisonnant, constitué de quarante épisodes, dont le personnage éponyme est à la fois le héros et le narrateur. Au terme de ce roman singulier, mêlant habilement la vérité et le mensonge, la fiction et la réalité, le mythe et l’histoire, Eco nous livre une leçon de tolérance. Elle résonne comme un avertissement contre tous les fanatismes : « Ne te crois pas l’unique auteur d’histoires en ce monde. Tôt ou tard, quelqu’un, plus menteur que Baudolino, la racontera ».