Auteur d’une soixantaine d’ouvrages de tous genres (roman, récit, essai, biographie et même livret d’opéra), Dominique Fernandez nous propose, dans son dernier opus, une balade érudite, en pointillé pourrait-on dire, dans l’univers de Léon Tolstoï, balade qui nous mène quelquefois du côté de l’homme mais plus souvent du côté de l’écrivain.
De la vie privée de l’auteur de Guerre et paix, Fernandez ne rappellera que l’essentiel : ses relations difficiles avec sa femme, Sophie Bers, son dégoût affiché pour la sexualité ‘ dégoût qui ne l’a pas empêché d’avoir seize enfants ‘, son combat perpétuel pour réconcilier les conditions de sa naissance aristocratique ‘ petit-fils de prince et comte lui-même ‘ avec ses idéaux prolétariens et son mysticisme sauvage.
Mais quand Dominique Fernandez analyse la description que fait Tolstoï d’un opéra pour en démonter le ressort, quand il donne à voir les techniques de l’écriture dans tel ou tel passage, quand il rapproche le style de Tolstoï de ceux de Balzac, de Stendhal ou de Dostoïevski pour en faire ressortir la singularité, il nous sert une formidable introduction au métier de l’écriture, à l’art de l’écrivain. C’est le plus grand intérêt d’Avec Tolstoï.
Ce cours magistral ‘ dans tous les sens du terme ‘ ne va pas sans digressions un peu pointues ou sans le recours à un ton souvent précieux. En dépit de ces agacements, le lecteur appréciera l’extrême finesse de l’analyse de Dominique Fernandez, terriblement efficace quand il s’agit de nous faire sentir la grandeur de l’œuvre tolstoïenne en évoquant les détails de sa construction.