Les premières pages du dernier roman de Henning Mankell donnent froid dans le dos : au fin fond de la Guyana, à l’automne 1978, ce qui a toute l’apparence d’un suicide collectif se révèle en fait un carnage perpétré par le chef de la secte du Temple du Peuple, Jim Warren Jones. Aux prises avec un désarroi insoutenable, le seul survivant tentera, au fil des années, de redonner un sens à sa vie, afin de combler le grand vide laissé par le massacre de toute sa communauté.
Puis, à la fin de l’été 2001, voici qu’un nouvel épisode commence : le célèbre enquêteur Kurt Wallander, un peu las mais toujours actif, aura dans quelques semaines une nouvelle collègue bien particulière, sa fille Linda. De retour à Ystad après de longues années d’absence, un peu désœuvrée et impatiente de revêtir l’uniforme, Linda tente de renouer avec deux amies d’enfance : Zeba, que tout le monde appelle le Zèbre, et Anna, étudiante en médecine, qui lui causera de vives inquiétudes au cours des jours suivants.
Au même moment, Kurt Wallander et son équipe enquêtent sur une mort macabre. Le père, toujours anxieux lors d’enquêtes difficiles, et la fille, désireuse de travailler et de déménager, tentent de cohabiter encore quelques semaines, le temps que l’appartement de Linda se libère. Aussi soupe au lait l’un que l’autre, le père et la fille auront maille à partir à plusieurs reprises, surtout au moment de la disparition d’Anna alors que Linda, inquiète, entreprend sa propre enquête. Au fil des événements, la tension monte et atteint son paroxysme lorsque l’on découvre qu’une secte projette meurtres et destruction de cathédrales
Avec tout le doigté qu’on lui connaît, Henning Mankell fait preuve dans son dernier roman d’autant de talent pour décrire l’enquête que pour dépeindre la complexité des rapports père-fille. Les fidèles de Mankell retrouveront dans Avant le gel l’atmosphère particulière qu’il excelle à créer : dans un milieu où règnent menaces, tension, confusion et urgence, la part d’humanité des personnages l’emporte toujours sur l’horreur, pourtant bien présente dans chacun de ses romans.