En près de 200 photographies anciennes souvent d’une grande beauté, ce livre montre la diversité des métiers liés à la mode et à l’industrie du textile, principalement à Québec, du milieu du XIXe siècle jusqu’aux années 1970. L’intérêt historique de cet ouvrage est indéniable : on y revoit les grands magasins d’autrefois, de la Compagnie Paquet à Québec jusqu’au Eaton de la rue Sainte-Catherine à Montréal, mais aussi Le Magasin parisien d’Alma et quelques versions du magasin général, par exemple celui de Belœil. Plusieurs images font revivre les manufactures de vêtements, de sous-vêtements et de chaussures à une époque où les importations de Chine ou du Bangladesh n’étaient pas concevables. On redécouvre à un siècle d’intervalle les fonctions initiales de plusieurs édifices désormais retransformés de la Basse-Ville de Québec : la Dominion Corset de la rue Dorchester, devenue l’École des arts visuels de l’Université Laval, ou encore plusieurs usines disparues où des ouvriers québécois fabriquaient des vêtements, des corsets, des chapeaux et des chaussures pour les populations locales. On peut aussi comparer plusieurs défilés de mode à des époques différentes mettant en valeur des robes longues de la haute couture conçues au Québec. L’arrivée du pantalon pour dames, en 1939, est décrite comme « une douce folie révolutionnaire ». Quelquefois, certaines images de mode prises à Québec ou à Montréal sembleraient venues d’ailleurs car rien à première vue ne permettrait de les situer culturellement (sauf le fait qu’elles proviennent de fonds d’archives québécois). D’autres images sont typiquement québécoises, comme celle d’une étole de fourrure, « symbole d’élégance et de distinction ». Plusieurs montrent aussi l’évolution des coiffures et du maquillage.
Contrairement à d’autres auteurs de cette collection, Rose-Line Brasset a réussi à bien représenter les différentes régions, ce qui permet de trouver des exemples provenant du Saguenay–Lac-Saint-Jean (le magasin L. H. Carrier, de Chicoutimi), de Trois-Rivières (le magasin J. L. Fortin) ou de Cowansville (l’usine de textile Bruck Silk Mills). Si certaines de ces photographies anciennes manquent de contraste ou demeurent trop sombres, on en apprécie néanmoins l’indéniable valeur patrimoniale.