Plus encore que 1759, 1760 a été une année charnière pour la Nouvelle-France. Cette année-là, les Britanniques ont fait converger sur la colonie française trois armées, fortes au total de plus de 18 000 hommes. Il s’agissait de consolider ce qui avait été entrepris l’année précédente. En effet, pour eux, la campagne de 1759 s’était soldée par un demi-succès, Montréal n’étant pas tombée. Cette ville tenait donc maintenant lieu de point de convergence pour les trois armées d’invasion.
La première, constituée de 3800 hommes sous les ordres de James Murray, était partie de Québec. La seconde, comptant 11 000 hommes, et dirigée par Jeffery Amherst, descendit le Saint-Laurent, à partir des Grands Lacs. Quant à la dernière, composée de 3400 hommes commandés par le colonel William Haviland, elle était partie de la Nouvelle-Angleterre et était chargée de détruire les postes français sur la rivière Richelieu. Peu de documents montrant cette campagne vue du côté britannique sont accessibles en français. C’est pourquoi Réal Fortin a décidé de traduire et de présenter des journaux et témoignages de membres de l’armée commandée par Haviland. Les auteurs sont des « provinciaux », c’est-à-dire qu’ils font partie des corps de milices de la Nouvelle-Angleterre. Leurs témoignages permettent de découvrir des détails intéressants des dernières batailles désespérées de la Nouvelle-France le long du Richelieu. Comme Réal Fortin le dit lui-même, il s’agit d’un « filon brut qui pourra servir de base pour les futures études en histoire traitant des moments les plus douloureux de notre passé, les derniers jours de la Nouvelle-France ». On comprend donc que cet ouvrage n’a pas pour ambition de s’adresser à un vaste public. C’est sans doute une des raisons qui ont déterminé le choix de Septentrion d’en proposer une édition uniquement numérique. De plus, ce format se prête bien à des recherches par mots clés dans le texte.
Réal Fortin est un enseignant à la retraite. Il a déjà publié des livres traitant de l’histoire du Québec et du Canada, notamment Le fort de Chambly (Septentrion, 2007) et Louise de Ramezay et son moulin à scie (Septentrion, 2009).