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Auteur/autrice : Neal
André Dubus : La complainte des désillusions
André Dubus, le nom vous dit quelque chose ? Et si l’on prononce Debiouze ? Pas davantage ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.
À part la libraire qui un jour m’a parlé du dernier recueil de nouvelles de cet écrivain américain, Dancing after hours1, avec des étincelles dans le regard, toutes les personnes à qui j’ai depuis mentionné ce nom ont été catégoriques : Dubus ? Connais pas. Et pourtant, André Dubus est un écrivain de haut calibre que je n’hésiterais pas à associer à Raymond Carver, Paul Auster, Cormac McCarthy . . .
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Des livres pour toutes les humeurs : Une littérature attentive
Qui pourrait prédire la prochaine fantaisie de l’enfant ou son futur chagrin ? La littérature sera prudente et attentive, par conséquent, si elle offre aux imprévisibles jeunes une diversité d’accompagnements. Chose faite.
Pour les curieux
Les qui, les pourquoi, les comment des jeunes peuvent occuper parents et éducatrices à plein temps. Mieux vaut donc, ne serait-ce que pour sauver la face, conserver à portée de main de quoi retracer l’information ou guider la recherche de l’enfant. L’Atlas de la météo de Marie-Claude Ouellet tombe d’emblée dans la catégorie des sources à garder tout près. Tôt ou tard, l’enfant demandera pourquoi ce que le ciel envoie devient tantôt pluie, tantôt neige, tantôt verglas, tantôt grêle. Et la foudre est-elle dangereuse ? Et les prévisions météorologiques exigent-elles des connaissances particulières ? Superbement illustré, l’Atlas marie harmonieusement les explications d’ordre scientifique et les rappels d’événements spectaculaires.
Marie-Claude Ouellet, Atlas de la météo, Québec Amérique, Montréal, 2003, 80 p. ; 18,95 $.
Les animaux aussi suscitent la curiosité des jeunes. Certains sont familiers et les conversations quotidiennes finissent par en révéler les mSurs. D’autres, en revanche, comme les mammifères marins, ne livrent leurs secrets qu’à ceux et celles qui consultent et se documentent. Les albums réalisés par Bobbie Kalman comportent, d’un centre d’intérêt à l’autre, les mêmes qualités et les mêmes limites. Dans Les mammifères marins, les photographies sont éloquentes, les jugements réservés ou même généreux. L’intervention humaine reçoit cependant assez peu d’attention. Face aux controverses sur la chasse aux blanchons et aux interactions entre certains mammifères marins et les bancs de morues, n’aurait-il pas été possible, en toute sérénité, de mettre en lumière la précarité des écosystèmes ?
Bobbie Kalman et Jacqueline Langille, Les mammifères marins, Banjo, Mont-Royal, 2003, 32 p. ; 8,95 $.
Par son ton direct et ses constants retours sur l’information offerte, La petite marmotte d’Anne Royer tient à la fois de l’attrayant récit et de la leçon. Les informations défilent, depuis le long élevage des petits jusqu’au proverbe « dormir comme une marmotte », et toutes sont invitées à s’enraciner dans la mémoire. « À ton avis », demande la narratrice de page en page, combien de temps les jeunes marmottes vont-elles rester avec leur famille ? Pourquoi, « à ton avis », la marmotte se réveille-t-elle parfois lors de l’hibernation ? Efficacité pédagogique sans lourdeur.
Anne Royer, La petite marmotte, Mango, Paris, 2003, 24 p. ; 15,95 $.
La collection « Savais-tu ? » devait, tôt ou tard, s’intéresser aux crapauds. C’est chose faite et chose réussie avec Les crapauds d’Alain M. Bergeron, Michel Quintin et Sampar. Une fois de plus, les illustrations de Sampar rendent accessible et drôle l’abondante information. Les faits sont affirmés dans un style télégraphique qui minimise le temps de lecture, puis l’humour intervient qui rend la notation piquante et inoubliable. La collection, d’une livraison à l’autre, équilibre de mieux en mieux le factuel et le loufoque.
Alain M. Bergeron, Michel Quintin et Sampar, Les crapauds, Michel Quintin, Montréal, 2003, 64 p. ; 7,95 $.
Détente et fantaisie
Dans Nous allons à la mer de Jane Barclay et Doris Barrette, deux enfants découvrent la mer et c’est l’occasion de bien des bonheurs. Entre autres, le plaisir détendu que procure à un bambin la protection de sa grande sœur, la liberté du vélo, le contact avec le train et l’autocar, les joies du pique-nique, l’exubérance du monde animal et aquatique, les joies du bain, la fatigue du retour… Peu de texte, mais un dessin apaisé et jouissif qui fait de cette journée à la mer une accumulation gourmande de plaisirs savoureux.
Jane Barclay et Doris Barrette, Nous allons à la mer, trad. de l’anglais par Christiane Duchesne, Homard, Montréal, 2003, 32 p. ; 10,95 $.
Marcel et André de Pierre Pratt est un si beau petit album qu’il faut le déguster lentement, interminablement, une page à la fois. Il y a, en effet, Marcel et André, Marcel sans André, André sans Marcel, dix autres personnages aux gestes séduisants, des champs qui vallonnent, une table qui patiente pendant que se savoure la sieste, l’amour de Marcel et de Madeleine, mais il y a surtout un regard unique, celui d’un créateur maniant avec un goût infini les instruments complémentaires que sont l’écriture et le dessin.
Pierre Pratt, Marcel et André, La courte échelle, Montréal, 2003, 40 p. ; 10,95 $.
Même si titre et dédicaces cèdent à la manie anglaise des majuscules, Rafi et les Cochons Volants de Valerie Coulman et Rogé mérite de grands éloges. Rafi, veau plutôt têtu, s’est mis dans la tête d’avoir un vélo. Son père croit régler la question en promettant sans promettre : quand les cochons voleront, Rafi aura son vélo ! C’est mal connaître Rafi. On aura beau lui rappeler que les cochons ne volent pas et que les vaches préfèrent le plancher des vaches au pédalier d’un vélo, Rafi n’en démord pas. Le passé ne prouve rien et un rêve digne de ce nom ne se laisse pas intimider par le scepticisme. Puisqu’il veut un vélo, il lui suffira (!) de faire voler les cochons. Parions sur lui. Le dessin est magnifique, le texte intelligent et nerveux. Les répliques s’intégreront naturellement au vocabulaire juvénile.
Valerie Coulman et Rogé, Rafi et les Cochons Volants, Homard, Montréal, 2003, 32 p. ; 10,95 $.
Deux magnifiques auteurs renouvellent une expérience déjà classique : ils écoutent les enfants en train d’interpréter de façon littérale les expressions du parler adulte. Dans Les animaux du petit géant de Gilles Tibo et Jean Bernèche, ce sont les surnoms affectueux qui suscitent chez le jeune Sylvain les rêves, mais aussi les cauchemars. Comment l’enfant ne se sentirait-il pas fragile si on le met au lit en lui disant : « Dors bien, mon poussin ! » Être traité de « mon lapin » ou de « ma puce » ne rassure pas davantage et les parents qui ont l’affection par trop animalière ne devront pas se surprendre si Sylvain passe ses nuits à se mettre à l’abri.
Gilles Tibo et Jean Bernèche, Les animaux du petit géant, Québec Amérique, Montréal, 2003, 64 p. ; 7,95 $.
À lui seul, le titre de l’album que signe Marie-Danielle Croteau, L’autobus colère, donne le ton : parce qu’on veut l’enfourner dans un énorme véhicule furieux, Jérémie préfère renoncer à l’école. Loin de le rassurer, tout ce que lui disent les adultes, depuis sa mère jusqu’au conducteur de l’autobus jaune, amplifie ses craintes. Ce qui coûte les yeux de la tête ne peut-il pas rendre aveugle ? Être tiré à quatre épingles, n’est-ce pas une torture inédite et cruelle ? Quand, enfin, l’autobus colère se calmera au point de n’être qu’un autobus scolaire, Jérémie rigolera de ses méprises. Magnifique.
Marie-Danielle Croteau et Sophie Casson, L’autobus colère, La courte échelle, Montréal, 2003, 32 p. ; 15,95 $.
L’œil sur le monde
Très tôt, souvent avant les adultes, les enfants s’attachent à des valeurs sociales et environnementales. Avec candeur, générosité et intransigeance, avec aussi ce paternalisme dont les jeunes abreuvent les adultes ignorants que nous sommes.
Magalie, par exemple, n’admet pas que monsieur Dionne détruise les pissenlits qui, à son avis, embellissent la pelouse dans Les pissenlits de Magalie d’Yvan DeMuy et Claude Thivierge. Elle proteste, hurle, trépigne, au risque de provoquer un ras-le-bol maternel et d’être condamnée à aller RÉFLÉCHIR dans sa CHAMBRE. Elle ne changera pas de conviction pour autant. Seule la stratégie se modifiera : les pissenlits prouveront leur utilité culinaire et les adultes en remercieront Magali. Drôle et plus profond qu’on pense.
Yvan DeMuy et Claude Thivierge, Les pissenlits de Magalie, Michel Quintin, Montréal, 2003, 64 p. ; 7,95 $.
Ce ne sont pas les enfants qui ont inventé et enraciné le racisme. S’il n’en tenait qu’à eux, le teint importerait peu. Telle est la conviction exprimée par seize jeunes voix issues de différentes communautés culturelles dans le collectif Noir, Blanc ou Poil de carotte. Ainsi se prépare une relève plus ouverte aux diversités ethniques et linguistiques, plus prompte à déceler et à combattre le racisme latent. Les illustrations de Bruce Roberts correspondent bellement aux nuances des jeunes plaidoyers.
Collectif illustré par Bruce Roberts, Noir, Blanc ou Poil de carotte, Les 400 coups, Montréal, 2003, 40 p. ; 12,95 $.
Fidèle à son amour des légendes et des textes éternels, Daniel Mativat redonne vie, jeunesse et intelligibilité, sous le titre de Le chevalier et la Sarrasine, à un récit vieux d’environ huit siècles : Aucassin et Nicolette. Seul texte (que je sache) à se qualifier lui-même de « chantefable » et à miser sur l’alternance de la prose et de la poésie, Aucassin et Nicolette donnait un aperçu de la réplique autrefois offerte par l’amour aux préjugés. Tout séparait le chevalier et la Sarrasine : religion, race, culture. Et pourtant ! Daniel Mativat, une fois encore, obtient du texte ancien qu’il propage sa saveur jusqu’à nous.
Daniel Mativat, Le chevalier et la Sarrasine, Hurtubise HMH, Montréal, 2003, 120 p. ; 9,95 $.
Sans la rencontre entre Marie Bletton et l’œuvre de Marcelle Ferron, jamais les jeunes n’auraient su pourquoi la Lune, en son premier croissant, pleurait aussi désespérément. Finement, Marie Bletton explique ce chagrin dans Les collines du fantôme : pauvre Lune, elle se sent bien pâle quand elle se compare à la Terre. Le remède est vite trouvé par l’oiseau. Il lui suffira, avec l’aide d’un fantôme remarquablement renseigné, de survoler la Terre, d’y prélever ici le bleu, là le vert, ici le brun, là le pourpre et d’en former, à la manière de Marcelle Ferron, une toile pétillante d’allusions lumineuses. La Lune, comblée des couleurs qui surabondent dans l’œuvre de Marcelle Ferron, quitte sa mélancolie. À la fois près de l’œuvre et loin du didactisme.
Marie Bletton et Marcelle Ferron, Les collines du fantôme, Les 400 coups, Montréal, 2003, 32 p. ; 10,95 $.
Le premier printemps du monde de Rémi Savard, Catherine Germain et Geneviève Côté, c’est la beauté à l’état pur. Beauté du récit qui naît avant que les saisons n’apprennent à se succéder et que les humains et les animaux se différencient les uns des autres. Beauté des illustrations qui restituent sa puissance à la nature et reflètent les questionnements fébriles des humains. Il n’était pas facile, en effet, de choisir entre les saisons, ni de répartir le temps entre elles, ni d’accepter le cycle de la vie et de la mort. Un magnifique album qui exigeait, certes, les connaissances et le talent, mais aussi des attitudes de respect et d’ouverture d’esprit. Cela se sent.
Rémi Savard, Catherine Germain et Geneviève Côté, Le premier printemps du monde, Les 400 coups, Montréal, 2003, 48 p. ; 12,95 $.
Le monde, malheureusement, n’est pas qu’harmonie. Grandir en Irlande, par exemple, force à prendre conscience très tôt de haines granitiques. Rorry, confronté à la pauvreté de la famille, trouve le bonheur dans l’amitié d’un cheval qu’il entend guider à une école de cirque. Sans avoir l’air d’y toucher, René Escudié raconte dans Le cavalier irlandais cette tenace amitié en même temps que les haines entre protestants et catholiques. Heureusement, les jeunes savent faire abstraction des conflits qui, depuis des générations, empoisonnent la vie.
René Escudié et François Giboulet, Le cavalier irlandais, Michalon, Paris, 2003, 160 p. ; 14,95 $.
Candeurs et tensions du jeune âge
Vincent de Richard, Dollard et Picasso de Hélène Grégoire et Jean-Guy Bégin a la main artistique, mais le cœur calculateur. De toute éternité, il se sait destiné à la fortune. Il dessine donc sans arrêt, mais réclame de la voisine qui vit seule un sou, cinq sous, dix sous pour ses chefs-d’œuvre, sans jamais déduire les collations qu’elle lui offre. Petit personnage égoïste ? Pas du tout. Ses calculs n’ont pas asséché son cœur. Lorsque la voisine subit un malheur, Vincent lui offrira sa « fortune » et bien plus encore. Le titre aurait mieux respecté l’esprit du livre s’il avait évité une épellation de « Dollard » qui rappelle le Long-Sault plutôt que les cotes de la bourse.
Hélène Grégoire et Jean-Guy Bégin, Richard, Dollard et Picasso, De la paix, Saint-Alphonse-de-Granby, 2003, 96 p. ; 7,95 $.
Le don de la septième tient de la biographie autant que de la fiction. Avec une conteuse comme Henriette Major, difficile de départager le souvenir personnel et la pure invention. Peu importe d’ailleurs puisque le résultat émeut, attendrit, fait sourire à la manière d’un beau pèlerinage aux sources. Toutes les têtes grisonnantes à qui des bambins ont demandé déjà « comme c’était dans ton temps ? » trouveront ici de quoi répondre. Henriette Major, en effet, recrée une typique famille nombreuse d’autrefois, avec son climat de religiosité, les joies et les impatiences de la cohabitation à plusieurs dans la même chambre, l’autorité parentale indiscutée et pourtant négociable. Les adultes aussi y prendront plaisir.
Henriette Major, Le don de la septième, Soulières, Saint-Lambert, 2003, 158 p. ; 9,95 $.
Le garçon qui avait perdu la face de Louis Sachar raconte la reconstruction de soi réussie par un jeune bluffeur. Ce qu’il a fait pour s’intégrer à un groupe de petits durs, ce n’était pas joli. La culpabilité ne le quittera que s’il fait machine arrière, retourne vers ses gestes malheureux, « retrouve sa face ». Le récit est peuplé de petits et grands humains aussi vrais les uns que les autres. La pédagogie est efficace et souriante. Les dialogues sonnent juste. Et l’humour transforme les cuisants remords en souvenirs profitables.
Louis Sachar, Le garçon qui avait perdu la face, L’école des loisirs, Paris, 2003, 278 p. ; 19,95 $.
La Lettre à Frédéric en secouera plusieurs. Régine et Frédéric semblaient faits l’un pour l’autre. Tout bascule quand un mal immérité entre en scène et voue Régine à une rapide dégénérescence. La mort, une fois de plus, se trompe de génération et Régine s’éloigne de Frédéric sans lui révéler son secret. Quand enfin Frédéric comprendra, il voudra suivre Régine jusqu’au bout. Michel Lavoie, qui n’a jamais eu pour politique de taire les problèmes, ouvre franchement aux jeunes les portes du questionnement sur la vie, la souffrance, la mort. Le vocabulaire est lourd et puissant, parfois aux limites du mélodramatique.
Michel Lavoie, Lettre à Frédéric, Vents d’Ouest, Hull, 2003, 116 p. ; 9,95 $.
Enchantements et sorcelleries
Dans Le bâton ensorcelé, lourde responsabilité que celle d’Anouk, chienne de traîneau, surtout quand l’attelage comprend une mauvaise tête et que le jeune maître participe à un affrontement mortel. En confiant à Anouk le soin de raconter dangers et exploits, Louise-Michelle Sauriol empêche les humains d’occuper tout l’espace. Quand, en plus, la sorcellerie s’en mêle, bien des certitudes disparaissent et c’est tant mieux pour le suspense. Les illustrations de Brenda Watson sont plus naïves que justes.
Louise-Michelle Sauriol et Brenda Watson, Le bâton ensorcelé, Édition du soleil de minuit, Saint-Alphonse-de-Brandon, 2003, 80 p. ; 8,95 $.
Pépin, l’un des triplets de Gradlon, reçoit dans une nouvelle aventure, Pépin et l’oiseau enchanté, l’aide d’un cormoran aux pouvoirs mystérieux. L’oiseau se paie la tête des pêcheurs en leur dérobant des harengs, mais il rend à Pépin de précieux services. Un cerf et un chien blanc complètent le trio des auxiliaires hors du commun. Ces appuis inciteront Pépin et les autres membres du Cercle de la caverne du bois du Fronteau à l’imprudence. Bernard Boucher écrit avec tant de finesse qu’il rend poreuse et même inutile la frontière entre le réel et… l’autre réel.
Bernard Boucher, Les triplets de Gradlon, t. 3, Pépin et l’oiseau enchanté, Boréal, Montréal, 2003, 163 p. ; 8,95 $.
L’envol est pris et l’auteur a le souffle des coureurs de fond. Le héros d’Amos Daragon, porteur de masques est donc promis à de nombreuses aventures. Cette fois, il fait partie des « porteurs de masques » dont la mission consiste à calmer les ardeurs guerrières des excessifs et à proposer l’équilibre comme mode de vie. Bryan Perro puise dans la mythologie comme dans les recherches de Bachelard sur les quatre éléments, mais jamais il ne verse dans l’abstraction ou le ton magistral. L’écriture est fluide, rythmée, enlevante ; les horizons se renouvellent sans arrêt ni essoufflement.
Bryan Perro, Amos Daragon, porteur de masques, Les intouchables, Montréal, 2003, 250 p. ; 8,95 $.
Dans Pas de secrets pour moi, Louise Lévesque dote son personnage central d’un don qui complique les relations humaines. Comment traiter celui qui lit dans vos pensées ? Le défi s’alourdit quand le jeune détenteur du don défend son patrimoine familial contre des rivaux malhonnêtes. Les six jeunes venus l’assister dans son travail de restauration seront, bon gré mal gré, initiés à ces conflits aux origines obscures. Il n’est pas dit qu’ils en goûteront les subtilités. Le cœur de Pat battra quand même pour le beau télépathe. Texte exigeant et intrigue un peu échevelée.
Louise Lévesque, Pas de secrets pour moi, Médiaspaul, Montréal, 2003, 207 p. ; 9,95 $.
L’auteure Renée Amiot ne sous-estime pas son lecteur dans HEDN. Même au terme de son récit fiévreux et déroutant, plusieurs hypothèses résistent et se combattent. Peut-être s’agissait-il d’un noir complot visant à dépouiller une vieille dame. Peut-être la jeune fille qui défend sa grand-mère se laisse-t-elle emporter par une imagination maladive. Peut-être… L’atmosphère est étouffante comme dans les romans les plus noirs, étouffante au point de ne convenir qu’aux lecteurs prêts à se satisfaire d’une conclusion qui n’en est pas une. Ceux que l’incertitude ne désarçonne pas jouiront grandement d’un livre sans concession aucune aux fins hollywoodiennes.
Renée Amiot, HEDN, De la paix, Saint-Alphonse-de-Granby, 2003, 152 p. ; 8,95 $.
Coraline met ses pas dans ceux d’Alice au pays des merveilles. Les miroirs ouvrent sur une réalité inversée et souvent menaçante, un chat au snobisme dédaigneux répond aux questions par des questions, une famille de rechange offre de substituer ses exigences imprécises à l’ennuyeuse sécurité des vrais parents, Coraline doit constamment rappeler que son nom n’est pas Caroline… En quelques pages, Neil Gaiman fait basculer son lecteur (ou sa lectrice) dans un monde régi par d’autres lois ou par aucune. Cela coexiste pourtant avec un humour typique des univers juvéniles. Coraline s’en prévaudra pour combattre la peur, mais le frisson viendra quand même. Un chef-d’œuvre.
Neil Gaiman, Coraline, trad. de l’anglais par Hélène Collon, Albin Michel, Paris, 2003, 157 p. ; 16,95 $.
Émotions et défis
Camille, fille fière entre toutes, s’invite à l’expédition de pêche que projette un trio masculin. On verra bien si les filles sont si douillettes ! Le drame frappera là où l’on ne l’attendait pas. C’est le père, costaud et expérimenté, et non la fille, qui vivra l’accident et devra s’appuyer sur la jeune génération et les Amérindiens. Les rescapés de la taïga de Fabien Nadeau se lit d’un trait. L’action est prenante, les préjugés craquent un à un, les astuces entretiennent l’espoir, les supériorités présumées se résorbent en différences d’ailleurs agréables.
Fabien Nadeau, Les rescapés de la taïga, Pierre Tisseyre, Montréal, 2003, 160 p. ; 10,95 $.
Beau titre pour un beau livre : Le cri du silence. Tout n’y est pas plausible, certes, mais la relation « barbelée » d’une mère avec son fils est décrite avec tant de justesse que tout le reste s’en trouve comme ajusté. Que ces deux êtres s’aiment tout en se déchirant, qu’ils se déchirent parce qu’ils s’aiment, voilà ce qu’eux seuls tardent à percevoir. Vient la maladie du fils, puis l’opération, puis la perte du langage, puis le claquage de la porte. Emmanuel, écorché vif, n’accepte que la compagnie des paumés. C’est en travaillant silencieusement auprès d’eux qu’il rencontre des immigrants clandestins et s’initie au métier de clown. Le silence du clown prépare le cri de la délivrance et de la réconciliation. On n’approuvera ni la mère ni le fils d’avoir lu le journal intime de l’autre, mais s’ils se pardonnent leurs indiscrétions parallèles, qui sommes-nous pour en garder le souvenir ? L’écriture de Francine Allard est précise, déliée, maîtrisée.
Francine Allard, Le cri du silence, Vents d’Ouest, Hull, 2003, 150 p. ; 9,95 $.
Dans Secrets de famille, Bérénice déchante vite. Vivre à Montréal quelques jours et y découvrir une grand-mère inconnue, cela la changera de Calgary. Mais encore faudrait-il que la vieille dame, son fils et la gouvernante ne mènent pas autour d’elle un ballet haineux et peut-être meurtrier. Laurent Chabin, toujours bon conteur, rend palpable la peur qui conduit la jeune fille à envisager les pires hypothèses. La finale, comme il se doit, sera inattendue. On regrettera toutefois la rapidité excessive avec laquelle un des personnages clés passe du camp des méchants à celui des bons.
Laurent Chabin, Secrets de famille, Hurtubise HMH, Montréal, 2003, 172 p. ; 9,95 $.
Retrouver Jade constitue l’un des meilleurs Jean-François Somain des récentes années. À lui seul, le déroutant dialogue auquel se livrent un jeune suicidaire et l’automobiliste qui le dépanne justifie la lecture. Boris n’a rien du Saint-Bernard et ce n’est pas lui qui va déconseiller le suicide à Daniel. Mais la conversation bifurque lorsque Boris, qui cherche ses marques dans un Québec qu’il a oublié, reçoit l’appel de détresse d’une amie dont la fille est disparue. L’étrange tandem formé par Boris et Daniel passe à l’action. La suite est à la fois un combat et une convalescence, une enquête sur autrui et une réconciliation avec la vie.
Jean-François Somain, Retrouver Jade, Soulières, 2003, 198 p.
Les romans aiment bien les jeunes policières imprudentes. Le chien du docteur Chenevert de Diane Bergeron ne verse donc pas dans l’inédit en présentant une Annie Jobin toujours prête à se jeter dans la gueule du loup. Elle souffrira de sa témérité puisque le professeur Chenevert, déterminé à dépasser Frankenstein dans la recherche d’un humain nouveau genre, l’installera sur sa table d’opération. L’intrigue, bien structurée, connaîtra maints rebondissements et les chiens et les humains risqueront cent fois une indésirable fusion. Le noir règne ici en maître.
Diane Bergeron, Le chien du docteur Chenevert, Pierre Tisseyre, Montréal, 2003, 256 p. ; 12,95 $.
Je glisse rapidement sur Du dino pour dîner de Nando Michaud. Pour un motif évident : le bouquin a déjà paru il y a huit ans sous un autre titre. Ni l’auteur ni l’éditeur ne mentionnent qu’il s’agit d’une réédition et l’auteur n’inclut même pas parmi ses « du même auteur » le titre que portait son ouvrage quand il fut publié en 1995 chez Balzac. Étrange procédé.
Nando Michaud, Du dino pour dîner, Soulières, Saint-Lambert, 2003, 208 p. ; 9,95 $.
Pour finir en beauté
Au moment où les premières aventures des Deux farceurs au collège étaient offertes au public, l’auteur, Gordon Korman, n’avait que douze ans. Déjà, cependant, il maîtrisait l’art de maintenir l’intérêt et d’enchaîner solidement l’une à l’autre les incongruités. Dans Collège MacDonald, les tours pendables se succèdent, tous ingénieux et relativement innocents, mais tous imputés aussitôt à leurs deux auteurs. Leur réputation, en effet, les précède. En plus, les farceurs respectent un certain code d’honneur : pas question de laisser un innocent expier à leur place. Le crime ne les enrichit pas, mais il leur vaut certains honneurs.
Gordon Korman, Deux farceurs au collège, Collège MacDonald, trad. de l’anglais par Christiane Duchesne, Scholastic, Markham, 2003, 113 p. ; 8,99 $.
Les premières pages d’Il était une fois dans l’Oklahoma de Geraldine McCaughrean créent une impression de lourdeur : va-t-on raconter une fois de plus la déprimante existence des gueux lancés à l’assaut de l’Ouest ? Il faut persister. Très tôt, la fantaisie se substitue à l’abattement, l’humour met fin à la corvée et de superbes personnages amorcent le tourbillon. Le veuf n’a pas sitôt enterré son épouse qu’il recrute sa remplaçante par une annonce dans le journal local. Et la ville (?) de Florence embauche comme institutrice une amazone qui porte Colt et qui, à défaut d’enseigner l’orthographe et les commandements de Dieu, inculque l’art de la survie. Cette formation peu orthodoxe servira quand le groupe affrontera le président de la compagnie ferroviaire. Celui-ci a juré que jamais un de ses trains ne s’arrêterait à Florence. Un monument d’humour et un hommage rendu au bon sens.
Geraldine McCaughrean, Il était une fois dans l’Oklahoma, trad. de l’anglais par Philipppe Morgaut, Gallimard, Paris, 2003, 319 p. ; 22,95 $.
Sylvain Meunier réussit dans Ma première de classe l’exploit de séduire par un portrait et une chronique un jeune public qu’on gave généralement d’aventures et de pétarades. Difficulté supplémentaire, l’auteur enracine son récit dans un passé où la famille, l’école, le jeu, l’église signifiaient autre chose. Pourtant, chacun et chacune éprouvera à la lecture le même sentiment : oui, c’était cela le premier regard presque amoureux. Tranche de vie plutôt que roman, contemplation d’un moment plutôt que narration d’une aventure, Ma première de classe pénètre en nous comme un parfum suranné de fleurs séchées et toujours émouvantes. Douceur et beauté.
Sylvain Meunier et Élisabeth Eudes-Pascal, Ma première de classe, La courte échelle, Montréal, 2003, 95 p. ; 8,95 $.
Didier Van Cauwelaert : « Le sérieux affadit tout » mais l’humour, lui, était-il un alibi ? (entrevue)
À tout réussir du premier coup ou presque, Didier van Cauwelaert ne va-t-il pas bientôt manquer de défis ? Que pourra-t-il bien viser, et évidemment obtenir, après le Goncourt ?
La question, bête à souhait, vient quand même à l’esprit dès le premier regard sur le curriculum ou sur la photographie de l’auteur. Tout, en effet, sourit à ce monsieur. S’il touche au roman, les prix pleuvent. S’il tâte du théâtre, les planches, d’emblée, brûlent sous les pieds de ses interprètes. Comme si . . .
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Lettre à un vieux poète (Faulkner, Hemingway, Fitzgerald)
Quel livre, quel auteur n’ai-je pas lu ? Envers lequel de mes illustres prédécesseurs ai-je commis ce crime de lèse-culture qui consiste à ignorer une œuvre vraisemblablement capitale, dont la lecture aurait peut-être eu pour effet de me faire renoncer à mes vaines prétentions ? La liste est longue. Longue ? C’est un peu court, jeune homme ! Faire le compte de mes lacunes relève de la somme ! Pour un tel inventaire, il faudrait un Prévert Flagelle-toi, Engel (prononcer à la française) ! Avoue ! Confesse ! Pitié murmure le coupable.
Songez que j’ai des . . .
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Mimnêsko
Savoir par cœur n’est pas savoir, c’est tenir ce qu’on a donné en garde à sa mémoire », proclamait Montaigne. Si une bonne mémoire est de facto un outil bien profitable, on l’oppose néanmoins à l’intelligence, faculté créatrice et noble, car elle ne serait que la qualité de la sottise, que la capacité un peu indigne d’accumuler un savoir superficiel. Certains se sont pourtant employés à exercer la leur comme d’autres entretiennent leur forme physique. Voyage en pays de connaissance : la mnémotechnie.
Tous les chemins mènent à Athènes. Mn . . .
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En un mot comme en cent
Si l’art de l’épître dédicatoire existe depuis des millénaires, son usage a sensiblement évolué. En un mot commençant, la dédicace, du latin dedicare (consacrer), relève tantôt de l’hommage tantôt de la commandite.
La dédicace fut d’abord, dans l’Antiquité, l’action de dédier un temple à une divinité ; puis le mot prit le sens d’inscription décrivant cette action. Il désigna ensuite l’hommage composé par un écrivain pour un mécène dont il attendait protection et soutien financier. Il ne devint . . .
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À bon chat, bon rat ( à moins que ce ne fût le contraire… )
Une fois n’est pas coutume Il eût été astucieux, pour inaugurer une rubrique dédiée à l’insolite, de préluder avec un article sur le mouton à cinq pattes. Mais cela ne se vend pas à la livre. Et d’ailleurs, honni soit qui dégoterait la moindre corrélation entre cette pécore et la littérature Quel animal aurait plus sa place dans un magazine littéraire que le greffier, vous demandé-je ?
Dans le bestiaire littéraire, il ne fait plus aucun doute que le chat occupe le haut du panier. Il incarna tour . . .
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Citius, altius, fortius*
Le domaine littéraire a lui aussi ses exploits, ses records, ses prouesses. Qu’il soit donc pour une fois permis aux sédentaires rats de bibliothèque impénitents que nous sommes de nous divertir un peu, en nous livrant à un sport inhabituel : arbitrer les performances1 … des livres et de ceux qui les commettent.
Pour légitimer l’outrecuidance de mon sujet, je pourrais avancer de fallacieux arguments : flexion du poignet, vélocité des phalanges, pression du doigt sur porte-plume ou souris, dictée vigoureuse à un scribe : un bon état physique est . . .
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Jean Forton (1930-1982)
« Paris révèle et Bordeaux, semble-t-il, étouffe. La ville, c’est bien connu, ajoutant l’oubli à l’oubli, n’aime pas ses écrivains et ceux-ci, d’ailleurs, le lui rendent bien1. »
Ainsi Jean Forton, romancier bordelais, est-il resté un auteur discret pour les cénacles parisiens et peu considéré par ses compatriotes (malgré le Grand Prix de littérature de la ville de Bordeaux en 1970), du moins ceux pour qui la (bonne) littérature n’acquiert ses lettres de noblesse qu’une fois adoubée par . . .
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Alain Nadaud, le fil d’Ariane (entrevue)
Dans l’entrevue qu’il a accordée à Nuit blanche alors qu’il était encore attaché culturel au consulat de France de Québec, Alain Nadaud est revenu sur son œuvre que, tel un fil d’Ariane, il dévide avec le souci constant de déchiffrer le signe et de déifier le verbe.
Alain Nadaud naît à Paris en 1948. Au moment où la France est agitée par les événements de Mai 1968, il fait des études de lettres modernes et travaille sur Lautréamont. Comme beaucoup d . . .
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Pascal Quignard : Ultime nostalgie
Pendant plusieurs années, Pascal Quignard a écrit des romans. Puis, après avoir rencontré une certaine reconnaissance de la critique et joui d’un certain succès auprès du public avec Tous les matins du monde, il a laissé la forme romanesque derrière lui, et est passé à autre chose.
Avant lui, seul un écrivain célèbre avait fait ce choix qui n’est pas sans risque dans l’univers littéraire du « tout fiction », à une époque qui vit justement, à tous les niveaux (travail, politique, amour, etc.), dans le régime du virtuel. Michel Butor . . .
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De l’histoire comme révélateur
La mise en perspective de la plus petite action humaine demande toujours que l’on se penche sur son origine, ce qui l’a fait se produire, les événements qui l’ont entourée et ceux qu’elle a provoqués, les acteurs qui lui ont donné un sens, en un mot, son histoire, immédiate ou plus secrète. Ainsi se construit le jugement que l’on portera sur elle.
Une telle démarche sur un cas d’espèce n’a qu’une portée limitée ; il en est autrement pour les grands mouvements . . .
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Quand le vampirisme s’interroge
Que le vampirisme fasse partie des thèmes qui exercent une fascination sur notre imaginaire, la littérature et le cinéma sont là pour en témoigner.
Nancy Kilpatrick, loin d’en profiter pour surfer sur les clichés et sur une mythologie aussi superficielle que largement répandue, propose en quatre bouquins de format substantiel un réexamen de cet univers. Tous et toutes ne s’éprendront pas pour autant de ce thème, mais l’intelligence de cette fresque qu’est Le pouvoir du sang1 mérite plus qu’un . . .
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Pauvre Joyce ! moi non plus ! (Ulysse)
Fatal ! quand je repense au sort de ce livre chaque fois qu’il a été en ma possession, c’est le seul mot qui me vient à l’esprit. Je l’avais acheté il y a longtemps c’est à dire quand on a commencé à en parler et, souvent, de façon péremptoire : « Vous vous devez de lire cela ! » On n’osait pas ajouter qu’en cas de rébellion on me couperait les oreilles, mais on n’en pensait pas moins. « Comment ? Vous n’avez pas encore commencé ? Mais l’été s’achève ! » Je l’avais – l’instinct ! – prudemment . . .
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Quand la politique prime l’histoire ! (Jacques Grand’Maison)
L’esprit étend sa curiosité dans tous les sens et paraît prêt à de nombreuses formulations.
Pierre Vadeboncœur, La ligne du risqueTemps de guerre et de néolibéralisme ! Pas de doute, il y a dans Questions interdites sur le Québec contemporain1, et dans Pourquoi sombrons-nous si souvent dans la démesure2 ?, de Jacques Grand’Maison, une préoccupation soucieuse de se faire l’écho . . .
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Visions d’Extrême-Orient
Depuis quelques dizaines d’années, l’Extrême-Orient et ses cultures millénaires s’inscrivent au cœur des ouvrages d’un nombre croissant d’auteurs québécois. Au cours de la dernière décennie seulement, au moins une trentaine de titres (dont le tiers en 1999, 2000 et 2001, et la moitié sur le Japon) sont parus. De là, l’idée d’un périple littéraire guidé par les regards que posent des romanciers, des essayistes et des poètes sur l’Extrême-Orient. Regards intérieurs, imaginaires, critiques, exaltés . . .
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Le Québec sous le feu des essais
À mesure que le quadrillage universitaire s’étend à des aspects moins connus du Québec, que l’envie vient à des vétérans de raconter leur parcours et que des regards étrangers se portent sur notre histoire et nos espoirs, l’image de ce pays se nuance, se précise, se rassérène.
Des mythes résistent à la relecture, d’autres en meurent. Des entêtements s’arc-boutent, d’autres renoncent. Les essais, lus en vrac, prouvent la maturation. Car ils sont rares (ils existent !) les ouvrages qui n’ajoutent rien à la réflexion. Mais la diversit . . .
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Vincent Engel : Entre devoir de mémoire et mémoire indicible (entrevue)
Nuit blanche : Vincent Engel, à part écrire, que faites-vous ? De l’enseignement ?
Vincent Engel : J’enseigne à l’Université de Louvain la littérature française contemporaine. Chez nous, les matières sont fort compartimentées. Il y a la littérature française et la littérature belge de langue française. Et chez nous il faut dire, sans m’appesantir, que le discours de la littérature est un enjeu politique et je pense que c’est un peu . . .
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Écriture et musique, Bertolt Brecht et Hanns Eisler
Malgré qu’il soit d’origine bourgeoise conservatrice (le père dirigeait une usine de papier à Augsbourg, en Bavière), le nom d’Eugen Berthold Friedrich Brecht (1898-1956) est synonyme d’une révolution sans précédent dans la littérature occidentale du XXe siècle : par ses poèmes et son théâtre, il s’est fait le porte-parole d’une cinglante critique sociale, inspirée de la doctrine marxiste. En créant ce qu’il a appelé le « théâtre épique », il se refuse à construire, le temps d’une . . .
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À propos du dernier Prix Goncourt : Je m’en vais de Jean Echenoz
J’ai abordé le roman de Jean Echenoz Je m’en vais1, Prix Goncourt 1999, avec l’intérêt que j’éprouve dès qu’il est question du Nord. Dans l’univers nordique, je suis plus qu’ailleurs en quête, à l’écoute de ceux et de celles qui rêvent et acceptent de s’étendre en toute écriture sur le sujet.
Un dénommé Ferrer se rend en Amérique (il atterrit à Montréal) pour récupérer un chargement d’objets d’art inuit abandonné dans une épave de bateau, dans le Grand . . .
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Jean-Claude Dussault : Explorer les arcanes du réel
Depuis maintenant plus de trente ans, avec une constance qui n’a d’égale que l’acuité de son propos, Jean-Claude Dussault poursuit une œuvre des plus personnelles qui allie poésie, essais et carnets de voyage.
Au-delà de la disparité apparente, un même but se profile : projeter un éclairage sur les zones d’ombre qui recouvrent des pans entiers de notre existence et ainsi élargir notre champ de connaissance, tant de l’univers que nous habitons que de nous-mêmes. S’il fallait qualifier son cheminement, le terme explorateur lui siérait . . .Pour lire la suite, veuillez vous abonner. Déjà abonné(e) ? Connexion
Gros mots de Ducharme : Les amours décomposées
J’ai mes habitudes de lecture. Au lit, je déclame la poésie. À table, je parcours les nouvelles sur l’éternelle bastonnade planétaire, geste désopilante d’urineurs urinés. Les livres sacrés, je les lis debout, à ma lucarne.
Quand ils m’épuisent, je ne sens plus la vie monter, ni la mort descendre. Je suis ailleurs, loin de la condition inhumaine. Quand les fourmis colonisent mes jambes, je les déplace. Simplement. Je m’appuie sur la réalité objective de la beauté avant de les chasser.Mais c’est en marchant . . .
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Eugen Drewermann et la psychothéologie (entrevue)
À Montréal, le 22 octobre dernier (1997), le théologien allemand Eugen Drewermann s’adressait à un large public qui lui semblait acquis d’avance. Il réussissait un tour de force : en deux heures et demie, il résumait l’essentiel de sa pensée, contenue dans une œuvre comprenant plus de 12 000 pages réparties sur une quarantaine de livres.
Bien que Johannes Joachim Degenhardt, archevêque de Paderborn, l’ait frappé d’interdiction de prêcher et de célébrer l’Eucharistie, il continue d’attirer des foules nombreuses. Le message de celui qu . . .
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Hélène Dorion : Vers l’épique de l’intime (entrevue)
En assumant une charge importante dans le domaine de l’édition et en favorisant l’oralité poétique à travers des enregistrements et des lectures publiques, Hélène Dorion travaille à protéger toujours plus la zone d’ineffable qu’elle et les poètes du clair-obscur refusent de voir banalisée comme toute autre production.
Il est difficile de prétendre rencontrer un poète, alors que ses cent cartes de visite l’incarnent déjà dans chacun de vos sens, langage y compris. Comment pourra-t-il bien se présenter à la . . .
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Annie Dillard : L’expérience des limites
« Pourquoi lisons-nous, demande Annie Dillard, sinon dans l’espoir d’une beauté mise à nu, d’une vie plus dense et d’un coup de sonde dans son mystère le plus profond ? »
L’œuvre d’Annie Dillard s’inscrit dans cette recherche d’absolu qui vise à dessiller nos yeux, à les écarquiller afin de nous amener à véritablement découvrir le monde dans lequel nous avons été miraculeusement déposés, à toucher pour ainsi dire la beauté. Depuis longtemps elle a fait siennes les paroles de René Char : Enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse . . .
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