LA MALAIMÉE ?
C’est le propre de l’écrivain d’influer sur le monde, de le transformer,
de le fabriquer, de l’improviser, voire de le contredire.
François Ouellet, « Benoit Doyon-Gosselin. Habiter glorieusement Moncton ».
Laide, Moncton ? Plutôt belle et fascinante. Par la littérature, notamment. François Ouellet a pris plaisir à lire comme un roman l’essai de géocritique Moncton mentor de Benoit Doyon-Gosselin. On y apprend comment une ville peut « habite[r] notre imaginaire autant qu’elle est physiquement habitée » ; on arpente la capitale culturelle acadienne dans une « expérience multiple des lieux par et dans la création ».
À Moncton toujours, Louis-Martin Savard s’est entretenu avec Serge Patrice Thibodeau et Émilie Turmel au moment où la seconde prend le relais du premier à la direction littéraire des Éditions Perce-Neige. Au programme : le métier (apprendre à se faire confiance !), les enjeux liés à la transition, les particularités de l’édition en Acadie… Et comment une Québécoise s’inscrit dans le projet acadien.
On a l’impression que le travail d’un éditeur est de développer des écrivains, d’accompagner
l’écriture, mais j’ai de plus en plus l’impression que son travail est également
de développer des lecteurs et des habitudes de lecture.
« Changement de garde aux Éditions Perce-Neige », entretien réalisé par Louis-Martin Savard.
« Où diable trouve-t-elle le temps ? » En couverture, Joyce Carol Oates, « La femme aux lettres inépuisable(s) », que Thérèse Lamartine aborde à travers quatre ouvrages, récents ou pas, comme autant de portes d’entrée sur une œuvre multiforme aux personnages les plus tourmentés qui soient. Blonde, dont la récente adaptation diffusée sur Netflix a été portée aux nues par certain(e)s, démolie par d’autres, est du nombre.
Jean-Paul Beaumier présente un survol de la correspondance entretenue par Pierre Vandeboncœur et Yvon Rivard sur près de 40 ans. Il y est entre autres question du pouvoir introspectif de l’écriture et de l’importance de la mise en place d’un espace libre pour que surviennent des échanges féconds.
« Et si la poésie cherchait à dire le lien secret qui unit chaque être à un paysage qu’il tente de rejoindre ? » Après Pierre Chatillon, Lyne Richard et Judith Chavanne1, Michel Pleau poursuit ses entretiens avec des poètes « discrets », poètes qu’il estime et qu’il souhaite nous faire découvrir par la voie privilégiée du dialogue. Voici Michel Létourneau, ou « Une ouverture face à l’invisible ».
« Ma poésie est née sur une plage splendide de la baie de Chesapeake. À l’horizon, le soleil se reflétait vivement sur des poissons empoisonnés au cyanure […]. Le paradis et la mort : puissante image fondatrice. » Dans « Mon testament poétique », Renaud Longchamps dévoile la genèse de son écriture.
Écrite par Morgan Lajoie, la lettre ayant remporté le premier prix du concours littéraire du festival Octobre le mois des mots 2022 vous est également donnée à lire dans ce numéro. Les membres du jury de cet événement littéraire de Sorel-Tracy, Marie-Ève Bisson, Claudia Chartier et Marie-Josée Riverin, ont récompensé une œuvre « remarquable et nécessaire », un texte « adressé à un corps à la fois inexplicable et inexpliqué, attribué sans être désiré ».
Petit à petit, le lecteur a l’impression de lire le livre mais en fait il devient moi.
Dimitri Bortnikov, dans « Quarante ans de portraits d’écrivain(e)s ».
Dominique Fortier, Karoline Georges, Naomi Fontaine… Ainsi s’achève, au tournant des années 2020, le tour d’horizon en images et en quelques mots que nous vous avons proposé pour le 40e anniversaire de Nuit blanche dans la série « Quarante ans de portraits d’écrivain(e)s2 ». Au-delà de la représentation figurative, certaines images en disent long sur le monde intérieur d’un(e) écrivain(e). À vous de voir !
1. Voir les numéros 161, 165 et 168 de Nuit blanche.
2. Voir les numéros 166 (printemps 2022) à 169 (hiver 2023).