Après La voie, Penser global poursuit une réflexion essentielle axée non pas sur des problèmes, mais sur des solutions. La première moitié raconte de manière admirable l’histoire de l’humanité en des termes philosophiques, en soulignant l’influence des religions, des idéologies, des progrès scientifiques mais aussi l’émergence de la conscience écologique. La dernière partie identifie des questions cruciales de notre « Ère plantaire », avec sa mondialisation heureuse (selon l’expression d’Alain Minc) et en contrepartie sa mondialisation malheureuse. La dimension positive de la mondialisation se traduit dans le progrès des libertés individuelles, par exemple lorsque quelque part dans le monde les femmes gagnent en autonomie ou lorsqu’un partage d’autorité se produit au sein de la famille traditionnelle. Par contre, on constate « la dégradation de l’hospitalité parce qu’une partie de la population des peuples méditerranéens ou africains a cessé d’offrir son accueil et son hospitalité traditionnels ». Du même souffle, Edgar Morin dénonce le consumérisme causant « les nouvelles exploitations par le capitalisme » qui conduisent à la perte de l’autonomie vivrière et au travail des enfants en Indonésie, en Thaïlande, en Chine. Pour Edgar Morin, la solution globale exige du discernement : dans certains cas, il faudrait davantage de croissance, tandis que dans d’autres situations, il en faudrait moins, pour conduire ultimement à une véritable éducation à la consommation.
Edgar Morin en appelle non pas à une révolution – terme galvaudé – mais bien à une métamorphose, pour planifier un changement bénéfique ; « la fin de l’histoire » annoncée depuis longtemps sera en fait la rupture avec une succession ininterrompue de conflits et de guerres. Suivant les travaux récents de penseurs comme Bruno Latour, Edgar Morin reprend même l’idée d’anthropocène, selon laquelle ce seront désormais les humains, plutôt que les événements naturels ou climatiques, qui détermineront notre évolution. Et comme toujours avec Edgar Morin, on découvre des penseurs qui l’ont nourri, de Georges Bataille (La part maudite) à Jacques Monod (Le hasard et la nécessité). Autant d’invitations à la réflexion.
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