Femme aux mille occupations, Catherine Voyer-Léger œuvre sur tous les fronts culturels. Féministe convaincue, elle collabore à plusieurs périodiques, cumule les emplois dans le domaine artistique, en plus d’avoir tenu en parallèle et avec une assiduité religieuse un blogue très remarqué. Après Détails et dédales auquel il fait suite, le recueil Désordre et désirs rassemble une collection des meilleures chroniques parues à l’origine sur ce même blogue, désormais abandonné, dans le but de donner un second souffle à ces fragments de pensée éphémères, un peu plus de cinquante au total, offerts comme des avions en papier, d’après la jolie métaphore de l’auteure, le temps d’un second et ultime vol plané.
L’éventail des sujets traités est large, allant des plus frivoles aux plus sévères. Au moment d’aborder le rôle de la beauté et les mécanismes d’imposition de ses canons, leur influence sur le rapport au corps et au désir, l’occasion se fait belle pour la chroniqueuse d’emprunter les exemples tirés de son intimité. Avec une transparence qu’on doit lui reconnaître, elle n’hésite pas à se mettre à nu dans toute sa fragilité, à gratter au passage quelques bobos, quelques cicatrices plutôt, celles laissées par une enfance de jeune fille rejetée, une adolescence souvent douloureuse et une vie de femme oubliée par l’amour. Qu’elle analyse une œuvre ou qu’elle relate son séjour dans une Haïti étonnamment familière, toujours elle prend le temps de se situer, de revenir sur sa démarche en donnant au lecteur un accès privilégié à une pensée en mouvement.
Toute en étincelles et en courts-circuits, la réflexion de CVL éblouit par secousses, débusque les poncifs et traque les idées courtes en tentant de restituer leur complexité aux sujets abordés. Ce faisant, elle apporte moins de réponses qu’elle ne reformule des questions mal engagées. Lorsque l’auteure s’attelle en quelques pages à des problèmes aussi vastes que la violence endémique ou notre relation à la pornographie, la chronique paraît toutefois une arme assez inoffensive. Et reviennent à l’idée ces avions de papier, de minuscules avions de papier effleurant une cible bien ambitieuse, encore que ces vignettes s’intègrent parfaitement à l’un des thèmes fédérateurs du recueil : le rapport d’une société à l’image, voire la participation hégémonique des médias à la construction de la « réalité ».
DÉSORDRE ET DÉSIRS
- Septentrion,
- 2016,
- Québec
209 pages
19,95 $
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