Détenteur d’un doctorat de l’Université Brown (à Providence, Rhode Island), Jean-François Blanchette a consacré toute sa carrière à la valorisation de l’art traditionnel. Anthropologue et muséologue, il rend justice aux oubliés de l’art québécois en s’intéressant à des centaines de créateurs non répertoriés et anonymes qui produisent depuis toujours ces pièces parfois simples, parfois recherchées, tantôt traditionnelles, tantôt innovantes, que l’on classe globalement sous l’étiquette d’art populaire. Par leur style empreint de candeur, ces pratiquants de l’art populaire s’opposent diamétralement à l’élitisme de l’art abstrait qui orne les galeries d’art et les musées contemporains. Certains snobs les regardent de haut ; d’autres observateurs les considèrent avec condescendance mais peu d’amateurs les comprennent vraiment.
Richement illustré, Du coq à l’âme montre la richesse et la diversité de ces toiles, sculptures, tapis crochetés, maquettes, effigies, bibelots religieux et autres objets décoratifs réalisés dans les zones rurales et de ce fait restés méconnus. Jean-François Blanchette fait aussi place aux artistes et à leurs témoignages à propos de leur travail. On apprend ainsi que les touristes et les muséologues qui s’éloignent des grands centres urbains sont souvent à la recherche de telles formes d’expression, ce qui peut entraîner un certain mimétisme de la part d’artisans qui répondront plus ou moins consciemment à leurs attentes, au détriment de la spontanéité.
Jean-François Blanchette valorise l’art traditionnel et ses artisans, qui n’ont pas toujours de place dans nos musées. Son livre utilise un langage clair et s’adresse à un large public. On pourra reprocher à l’auteur d’avoir inclus plusieurs œuvres moins intéressantes aux côtés de créations plus authentiques ; mais on comprend que celui-ci n’a pas voulu s’ériger en juge pour départager ce qui distingue les créations authentiques d’un pseudo-art. Par ailleurs, les reproductions – la plupart du temps en couleurs et quelquefois cinq par page – sont souvent trop petites (beaucoup sont du format d’un timbre !).
Du coq à l’âme, L’art populaire du Québec a reçu le Prix Champlain 2015 dans la catégorie ouvrages d’érudition.
DU COQ À L’ÂME
L’ART POPULAIRE AU QUÉBEC
- Musée canadien de l'histoire / Presses de l'Université d'Ottawa,
- 2014,
- Gatineau / Ottawa
322 pages
65 $
Prix Champlain 2015 (ouvrages d’érudition)
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