Marie-Christine Arbour, romancière et nouvelliste montréalaise, signe avec Schizo son sixième roman. Schizo : un long combat, plusieurs petites morts, et Christine aux cheveux longs, aux cheveux courts, celle sur le Nardil, celle sur le Rivotril, à Montréal, à Québec, à Vancouver ou ailleurs… Mais toujours la même détresse. Et il y a ces voix…
Les premières lignes relatent sa naissance, sa tendre enfance, là où la quête de l’absolu s’est concrétisée, là où les barrières de la réalité se sont effondrées. Un monde propre à Christine est apparu, avec ses guerres opposant la folie et la raison, le dedans et le dehors, le vide et le plein, les petites vies et les petites morts. Le corps est une terre ennemie, hostile. Presque 40 ans et 300 pages plus tard, la schizophrénie nous habite aussi, nous, lecteurs témoins d’une conscience encrassée par cette maladie mal connue. La conscience de Christine est altérée par les visions, les voix, les halos et les médicaments. Elle recherche le grand amour, ne trouve que des histoires qui l’effacent et l’isolent encore plus, fait de mauvais choix, disparaît, croule sous le poids d’un monde qui n’existe pas, derrière les barreaux d’une société qui l’aveugle de ses phares accusateurs. Une mère qui ne vit que dans l’apparence et le luxe, un père dont chaque mot est accompagné d’un signe de dollar, l’Homme qui la violait au nom de l’amour, un amour dont on ne se remet pas, Dave, Jason, Shaun… Christine est entourée de gens qui prétendent l’aimer, mais qui ne font que l’assister dans son lent suicide.
Arbour aborde de sa plume lucide et follement éclairée les thèmes de l’anorexie et de la boulimie, de la relation mère-fille, des amours imaginaires et réelles, de l’écriture viscérale et nécessaire, de la fuite.
Schizo est une longue suite de mots troublants, dissonants, aux phrases-oxymores, frôlant le cadavre exquis. Des images fortes, un rythme effréné de pensées ténébreuses. L’auteure décrit tellement bien l’indescriptible, la descente aux enfers, la négation du monde extérieur au profit d’un monde intérieur obscur qu’on se demande s’il n’y a pas un peu de vrai dans la fiction, une part de Marie-Christine dans Christine… Schizo est un roman lourd, intense, pour les lecteurs ouverts qui ont un regard compatissant sur la maladie mentale, ou pour les lecteurs fascinés par l’hermétisme des mots fous et les univers décadents et inexplorés, inexplorables.
SCHIZO
- Triptyque,
- 2014,
- Montréal
287 pages
25 $
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