Antonine Maillet a jusqu’ici 42 livres à son actif, auxquels il faut ajouter 12 textes divers parus dans des périodiques et des ouvrages collectifs ; sans compter un certain nombre de pièces de théâtre demeurées inédites. C’est en la regroupant par « cycles » que Robert Viau passe en revue cette œuvre vaste et multiple par laquelle Antonine Maillet « a mis l’Acadie au monde, dévoilé son âme profonde et fait de son coin de pays une référence à saveur universelle ». On pense ici bien sûr, parmi d’autres titres, aux incontournables monologues de La Sagouine (1971), qui ont véritablement lancé l’auteure et fait connaître sa « langue unique et particulière », et à Pélagie-la-charrette (1979), qui est à ce jour la seule œuvre canadienne couronnée par le prestigieux prix Goncourt et que l’essayiste considère comme le roman le plus construit de l’auteure.
Des commentaires de Robert Viau émergent, entre autres constats, les reprises dont la production d’Antonine Maillet est tissée. Sur le plan thématique, par exemple, « le rabaissement des nantis, le réalisme grotesque, le rire, le carnavalesque et la permutation du haut et du bas reviennent dans presque toutes les œuvres ». Dans Les cordes-de-bois (1977) des thèmes rappellent les romans Don l’orignal (1972) et Mariaagélas (1973), lequel a connu une nouvelle version dans la pièce La contrebandière (1981) et dont la parenté avec Crache à pic (1984) saute aux yeux. « De nombreux récits mailletiens s’entremêlent dans Gapi » (1976) et Pierre Bleu (2006) « reprend le récit élaboré dans Les confessions de Jeanne de Valois » (1992). Le personnage de Ma-tante-la-Veuve est repris « d’œuvre en œuvre ». Celui de la Sagouine apparaissait déjà en partie dans la première des trois versions de la pièce Les crasseux (1968) et on le retrouve dans les contes de Par-derrière chez mon père (1972) et dans les « commérages » de L’Île-aux-Puces (1996). Radegonde, alias Radi, née avec On a mangé la dune (1962), revient dans Le chemin Saint-Jacques (1996), Chronique d’une sorcière de vent (1999), Le temps me dure (2003)… Viau souligne aussi l’impression de « déjà-vu » de la pièce Garrochés en paradis (1986) et du roman Madame Perfecta (2001), qui est une « Sagouine Deusse »… Mais « pourquoi pas ? » conclut l’analyste qui motive ainsi les « longueurs » et les « répétitions » de l’œuvre : « L’univers d’Antonine Maillet étant vaste, pourquoi ne l’explorerait-elle pas à fond, quitte à revenir sur ses pas pour revisiter certains lieux et faire revivre certains personnages ? »
Cette explication ne ralliera sans doute pas tous les lecteurs, mais force est de reconnaître la justesse du regard posé sur l’ensemble des écrits de la célèbre Acadienne par Robert Viau, qui a voulu en même temps rendre « hommage » à une auteure dont l’ « œuvre foisonnante et merveilleusement riche », à l’évidence, et avec raison, l’enthousiasme.
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