Jeudi, le 15 janvier 2004 : le chalutier Bugaled Breizh (Enfants de Bretagne) pêche au large du cap Lizard (Cornouailles britanniques). Soudain, le navire est précipité vers le fond, si rapidement que les cinq marins à bord n’ont même pas le temps de se réfugier sur un radeau de sauvetage. Un message de détresse lancé par le capitaine du Bugaled Breizh, Yves Gloaguen, et reçu par son collègue, Serge Cossec, à bord de l’Éridan, permet de situer la tragédie précisément à 12 h 23. Quelques minutes plus tard, en approchant de la dernière position connue du navire disparu, les marins de l’Éridan distinguent, au loin, un mystérieux hélicoptère gris ne portant ni signe distinctif ni matricule, qui survole la scène puis s’éloigne avant d’être rejoint. Il est bientôt remplacé par un autre hélico, celui-là bien identifié « Royal Navy Rescue ». Un canot de sauvetage rouge, et vide, est aperçu sur la mer. Un plongeur descend de l’aéronef pour aller le perforer et le faire couler.
Commence alors une véritable saga à propos des causes du naufrage, que tiennent à connaître, on le comprend, les familles et proches des victimes. Plusieurs hypothèses sont tour à tour envisagées, puis abandonnées. On parle d’une vague « scélérate », « générée par une onde sismique », mais nul n’a été témoin d’une telle vague dans les parages ce jour-là. On envisage une « croche » : « […] le chalut du Bugaled [se serait] pris dans les fonds qu’il raclait – aspérité quelconque, épave, rocher [– et aurait versé] dans un creux de houle ». Mais l’expérience du capitaine et l’excellence du bateau compromettent cette théorie. On soupçonne ensuite la collision avec un cargo, le Seattle Trader, qui se trouve finalement innocenté. Reste alors la rencontre fatale avec un sous-marin. En effet, le jour du naufrage, un exercice de l’OTAN se tenait dans le secteur, impliquant des sous-marins, dont le Dolfin (hollandais) et le Turbulent (britannique). L’un d’eux pourrait avoir entraîné le Bugaled vers le fond en se prenant dans ses câbles de pêche. Sans compter qu’un submersible espion américain aurait pu venir fouiner sur place.
Aux yeux des familles, l’implication d’un sous-marin reste la cause la plus probable de l’accident. Dix ans plus tard, elles espèrent toujours qu’on finira par rétablir la vérité.