Lors des États généraux du Canada français de 1967, les 1000 délégués ont voté la reconnaissance du droit à l’autodétermination du Québec, « territoire national et milieu politique fondamental » de la nation canadienne-française. Ce jour-là les Québécois sont nés et les Canadiens français des autres provinces ont eu à se définir. Ce même jour, ou presque, la littérature franco-ontarienne, tout comme celles des autres provinces, à l’exception sans doute de l’acadienne, est née, c’est du moins ce qu’affirment Lucie Hotte et Johanne Melançon dans l’introduction de ce très intéressant ouvrage.
Couvrant la période de 1970 à « nos jours », ce collectif présente par genre la littérature franco-ontarienne en faisant précéder le tout d’un survol de son histoire depuis 1610, ce qui nous permet de saisir les enjeux et la façon dont son essor s’inscrit dans les luttes et l’affirmation des Franco-Ontariens.
Il ne s’agit pas d’une histoire littéraire au sens strict, mais bien de pistes de lecture qui mettent en relief les auteurs les plus importants dont on nous présente les œuvres le plus souvent en nous les résumant et en les situant l’une par rapport à l’autre tout en les inscrivant dans le contexte qui les a vues naître.
On y aborde le théâtre (texte de Jane Ross), la poésie (François Paré), la chanson (Johanne Melançon), le roman (Lucie Hotte) et la nouvelle (Michel Lord) dans des essais d’une quarantaine de pages, ce qui tend à égaliser les genres alors que la production n’est pas aussi équipollente que ça. Par exemple, on retient 12 auteurs en théâtre, 28 en poésie, 26 en roman et 10 en nouvelle. Ceci dit, tous les noms importants sont là et une dizaine d’auteurs sont dans au moins deux des genres.
Les approches des essayistes sont différentes, mais tous les auteurs ont la volonté de toucher un large public, ce qu’ils réussissent. Si on peut s’étonner de l’absence de la littérature jeunesse (théâtre inclus), il n’en demeure pas moins que cet ouvrage est le premier à nous tracer un portrait vivant et actuel d’une littérature qu’il est intéressant de saisir en un regard dans des textes passionnants tant par la pertinence des propos que par la vision proposée des œuvres.