Faut-il être un inconditionnel de la science-fiction pour apprécier La voie de Bro ? Absolument. Une bonne dose de persévérance ne nuira pas non plus pour lire jusqu’au bout cette fable répétitive qui met en scène une poignée d’extraterrestres au pays des Soviets.
Nous sommes en Russie au début du XXe siècle. Alexandre, le fils cadet d’un riche industriel, se trouve séparé de sa famille par la Première Guerre mondiale et la Révolution bolchevique. Errant d’asiles en foyers d’accueil dans une Russie bouleversée par la Révolution, il finit par se joindre à un groupe d’hommes partis à la recherche des restes du météorite géant qui a frappé la plaine de Tunguska, en Sibérie, le 30 juin 1908, le jour même de sa naissance.
Du groupe, il sera le seul à découvrir que ces restes sont en fait un immense bloc de glace immergé dans les eaux d’un marais sibérien. Cette glace tombée du ciel sera la voie d’une illumination qui lui fera découvrir ses véritables origines : il est fils de la Lumière. Dès lors il ne cessera de retrouver ses « frères et sœurs » exilés comme lui sur terre pour les libérer de leur condition humaine.
Suivent alors des pages et des pages où Alexandre, devenu Bro le grand maître de la Confrérie de la Lumière originelle, se promène dans la Russie soviétique et l’Allemagne nazie pour retrouver ses semblables. Sa mission : réveiller leur cœur endormi en leur brisant le sternum avec la glace du météorite providentiel. Le roman s’achève alors que Bro, à bout de force, s’éteint en passant le flambeau de sa quête à Hram, son successeur.
Le thème de l’extraterrestre en exil parmi les humains n’est pas nouveau ni dans la littérature ni au cinéma. Souvent point de départ d’une réflexion sur la condition humaine, d’une relecture de l’histoire ou d’une allégorie du paradis perdu, ici il n’est rien de tout cela. En lieu et place, Sorokine nous sert le récit linéaire d’une quête sans autres échos métaphoriques. La voie de Bro étant le second volet d’une trilogie, sans doute aurait-il fallu lire les deux ouvrages qui l’encadrent pour l’apprécier davantage.