Dans cette biographie romancée, Anne Wiazemsky raconte les amours de ses parents, Claire Mauriac et Yvan, prince Wiazemsky, comte Levachov, surnommé Wia. Car l’auteure, petite-fille de François Mauriac, est bien cette enfant de Berlin.
Berlin, 1945. Claire est ambulancière de campagne à la Croix-Rouge française, par devoir et par goût de l’aventure. Un peu aussi pour fuir sa famille bourgeoise, son illustre père, sa mère conformiste, ses frères et sœur omniprésents. La benjamine étouffe dans ce milieu si conventionnel. « Un peu intimidée, Claire s’installe dans le fauteuil réservé aux visiteurs. Son père l’observe en silence, avec un léger sourire énigmatique. »
Des tâches dures attendent pourtant la jeune Mauriac, mais elle y fait face. Dans les fours crématoires, elle ramasse les cendres de ses compatriotes assassinés. Elle travaille à libérer les « malgré-nous » détenus par les Soviétiques. Elle est généreuse avec l’ennemi défait. « Le jour où je suis allée chercher les corps des fusillés, je n’osais pas y aller tant j’avais peur d’en connaître un. »
Un côté léger aussi, d’enfant gâtée, étonnant à cette époque difficile de l’après-guerre. « Où trouver du vernis à ongle, un matériel de manucure ? » Pourtant, elle voit bien que « [l]’Allemagne est un pays ruiné où tout manque : la nourriture, les logements, les vêtements ».
Comme dans un roman un peu fleur bleue, l’amour triomphe. Après avoir connu de nombreuses difficultés, Claire et Yvan se marient, sous la recommandation de Troyat, « un ex-Russe comme Wia, exilé comme Wia, naturalisé Français, toujours comme Wia ». Ils ont deux enfants, Anne, cette enfant de Berlin née en 1947, et Pierre dit Wiaz, le dessinateur né à Rome en 1949.
Fiction et témoignage, le récit biographique est riche du patrimoine épistolaire familial, telles les lettres de Claire à ses parents – « Chère adorable petite maman » – ou d’Yvan à ses imposants beaux-parents. Mon enfant de Berlin a été sélectionné pour le Renaudot 2009.