Après Mercredi soir au Bout du monde, Hélène Rioux convie de nouveau ses lecteurs à suivre ses personnages dans son deuxième tome des Fragments du monde. Et encore une fois, ils seront séduits par l’habileté et la finesse de la toile que Rioux tisse d’un bout à l’autre des treize chapitres d’Âmes en peine au paradis perdu.
Cette fois-ci encore, tout commence au restaurant Au Bout du monde, trois mois après la mort tragique de Doris qui clôt Mercredi soir au Bout du monde. En ce 21 mars, le solstice du printemps ressemble plutôt à une morne journée hivernale, les employés et les habitués du petit restaurant ont l’âme en peine, et Julie, la nouvelle serveuse, essaie à la fois d’enterrer la Jenny d’autrefois et d’oublier Stéphane. Certains attendent : Concha, des nouvelles de Fédor ; Eva, son départ contesté pour la Floride ; François, une lettre de Stéphane, qui ne viendra jamais. D’autres espèrent : Béatrice, qui se rend à un rendez-vous ; Andy, entiché d’un beau Russe ; Ernesto Liri, en route vers sa ville natale. Tandis que Daphnée, la blonde aux yeux bridés, participe à une émission de téléréalité, son père et sa deuxième femme vivent en plein désarroi depuis la disparition de Fanny. Et Victoria, la célèbre critique culinaire, termine à Montréal son périple autour du monde…
En toile de fond de ce second fragment du monde, Hélène Rioux multiplie les clins d’œil au grand écrivain italien Dante Alighieri et à son œuvre. Un Dante, toujours aussi vertueux dans cet autre monde où le voilà obligé de côtoyer Sade qui, lui, l’est toujours aussi peu, d’ailleurs susceptible et mécontent d’apprendre que l’enquêteur d’une série policière télévisée porte le même prénom que lui !
Il n’est pas indispensable d’avoir lu Mercredi soir au Bout du monde pour apprécier cette nouvelle publication de l’écrivaine et traductrice littéraire. On referme cependant Âmes en peine au paradis perdu avec non seulement le goût de le reprendre aussitôt pour repérer les traces du fil qui se dévide en reliant cet étonnant univers romanesque mais aussi de lire ou de relire le premier roman-gigogne d’Hélène Rioux. Et, bien sûr, on attend les récits du solstice d’été de Fragments du monde III…