Pierre-André est un écrivain septuagénaire qui n’a pas publié de roman depuis cinq ans. Il est un « vieil homme », comme il se qualifie lui-même, et il est conscient que sa vie tire à sa fin. Il vient d’ailleurs d’apprendre la mort de Maxime, qui a été son meilleur ami. Pourtant, c’est l’homme qui lui a jadis ravi sa femme, Marthe. Mais il ne leur en a jamais vraiment voulu, ni à l’une ni à l’autre, pour cette trahison. À preuve, il a accueilli Marthe à bras ouverts quand elle lui est revenue, après quelques années. Jusqu’à ce qu’elle le quitte à nouveau, mais pour vivre seule cette fois-ci. La présence de sa fille Éloïse a sans doute compté pour beaucoup dans la sérénité avec laquelle Pierre-André a accueilli le départ de Marthe et de Maxime. S’il a conscience de ne pas avoir été un très bon mari, il s’est certainement montré un meilleur père.
Lorsqu’il apprend le décès de Maxime, il se rend chez son ex-épouse afin de la réconforter, ou à tout le moins de l’accompagner en cette journée particulière. Ce sera l’occasion pour eux de se remémorer de bons moments de leur existence, comme de moins bons. Des étapes de leur vie commune ainsi que des épisodes auxquels Maxime a participé. Éloïse, qui se présente elle aussi à l’appartement de sa mère, participe également à cet exercice de remémoration. Et Philippe, un jeune écrivain ami et admirateur de Pierre-André est là, virtuellement, dans la pensée de celui-ci.
Les lecteurs de Gilles Archambault savent à quoi s’attendre quand ils ouvrent l’une de ses œuvres. Bien que les protagonistes ne soient pas les mêmes d’un roman à l’autre, on a tout de même l’impression qu’un ami poursuit, sur le ton de la confidence, une conversation déjà entamée lors d’une précédente rencontre. Une conversation dans laquelle il se raconte et fait part de ses angoisses, de ses faiblesses. On comprend que, comme l’estime Pierre-André dans Nous étions jeunes encore, « [l]’enfant qu’il avait été, l’homme qui en était résulté, [on] aurait pu en trouver la trace dans les romans plus ou moins autobiographiques qu’il avait publiés ».
Les lecteurs assidus de Gilles Archambault retrouveront avec plaisir dans ce nouveau roman l’ambiance à laquelle ils sont habitués. Quant à ceux qui n’ont pas encore découvert cet écrivain québécois un peu méconnu, ils pourraient être agréablement surpris.