Pour l’observateur, le taï-chi est une forme d’art martial aux gestes lents et contrôlés. Pour l’initié, c’est bien plus que cela. L’analogie avec l’iceberg permet d’illustrer la différence entre ces deux points de vue : tandis que le premier ne voit que la partie émergée, le second perçoit l’iceberg dans son ensemble, et sait que la partie immergée, invisible à l’œil, assure à la partie émergée sa stabilité et sa force tranquille. Ce livre est une superbe introduction au taï-chi qui permet aux curieux de mieux saisir l’esprit de cet art, et donc d’en percevoir la partie immergée.
Lew Yung-Chien, cofondateur d’un studio de taï-chi à Montréal, présente cet art comme étant « une philosophie et un mode de vie omniprésent et agréable ». Puisque l’objectif est d’atteindre l’harmonie du corps et de l’esprit « dans tous les instants de la vie quotidienne », il suggère de pratiquer cette discipline d’origine chinoise n’importe où, que ce soit dans une file d’attente ou assis dans un autobus. Au fil des pages, l’auteur dévoile l’esprit du taï-chi, ses sources théoriques tout comme ses positions de base. Et juste comme la lecture se termine, l’auteur lance une phrase, comme une invitation à tout remettre en doute : « J’espère que vous avez bien entendu ce que je n’ai pas dit ».
Ce livre permet de s’initier à l’esprit du taï-chi afin de concevoir cette discipline dans son ensemble, avec tout ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Seule ombre au tableau, tandis que le texte de Lew Yung-Chien est empreint d’une grande humilité – il refuse de se faire appeler maître –, il en va tout autrement pour les pages écrites par ceux qui ont rendu possible la publication du livre. Dans leur présentation, ils s’empressent d’employer des adjectifs pompeux (« Jacques Languirand, le célèbre animateur radiophonique ») et de débiter avec force leurs titres (« Jean-Pierre Charbonneau, journaliste, homme politique, commentateur, conférencier »). Il semblerait qu’ils n’aient pas compris certains des enseignements de Lew Yung-Chien.
Un livre apaisant qui a pour seul inconvénient de faire naître l’envie irrésistible de pratiquer le taï-chi.