Récapitulation de la campagne à l’investiture du Parti démocrate jusqu’au lendemain de l’élection à la présidence en novembre 2008, le livre du journaliste Guillaume Serina a tout du livre du moment. Barack Obama, Le premier président noir des États-Unis est en effet la réédition « rafraîchie » de Barack Obama ou le nouveau rêve américain, du même auteur, paru en septembre 2008. Pourquoi deux parutions aussi rapprochées sur le même sujet ? Coup d’édition pour profiter d’une espèce d’obamamania ? Si les éditeurs y trouvent leur compte, le lecteur, lui, n’est pas sûr d’y trouver le sien.
À moins d’avoir vécu les dernières années sur une autre planète ou sur une île coupée du reste du monde, la lecture de ce livre vous apprendra peu de choses. Aux informations archiconnues sur l’enfance et la jeunesse de celui qui allait devenir le 44e président américain, s’ajoute le rappel des grands moments d’une course à l’investiture largement médiatisée qui, il faut le dire, ne manquait pas de suspens.
Ce qui intéresse davantage dans le compte rendu de Serina, ce sont les témoignages des citoyens, glanés lors des rallyes politiques et des caucus qu’il a couverts : Afro-Américains qui voient dans cette élection l’occasion de prendre une revanche sur l’histoire ; étudiants et jeunes travailleurs séduits par le discours de l’ancien travailleur communautaire ; immigrants qui se reconnaissent dans le parcours atypique de ce Métis. Tous les témoignages que nous rapporte le correspondant du Point et du Parisien composent une Amérique déçue par le virage pris par le pays sous l’administration Bush-Cheney.
Par contre les entrevues réalisées avec des proches d’Obama – anciens confrères d’études, partenaires de travail ou collègues en politique – brossent le portrait bien lisse et convenu d’un fils aimant, d’un étudiant studieux et responsable, d’un jeune diplômé idéaliste et d’un politicien ambitieux. Bref, on a l’impression que tout le monde s’est donné le mot pour ne pas faire d’ombre à l’image d’homme providentiel que l’on tente de créer, la presse au premier chef. Serina n’échappe à la règle. Tout son livre tend à la glorification du personnage.
Il est vrai que se faire élire à la présidence des États-Unis quand on est un homme de couleur est la marque d’un être et d’une destinée hors du commun. Le président sera-t-il à la hauteur des espérances suscitées par le candidat ? Peu importe au fond puisque Obama a déjà fait l’histoire. C’est ce qu’ont compris, deux fois plutôt qu’une, les éditeurs de Guillaume Serina.