Je crois que Colette Boky aura été la plus grande chanteuse québécoise de l’histoire, et la lecture de cette (auto)biographie m’en convainc davantage. Cette délicieuse jeune femme (née Colette Giroux) est simple vendeuse chez Simpson lorsqu’elle rencontre Jack Boeki, qu’elle épousera et dont elle gardera le nom.
Alors que Colette n’a que 26 ans et qu’elle vient de quitter son mari, elle reçoit ce conseil décisif de son professeur au Conservatoire, le grand Raoul Jobin : « Ne reste pas ici car tu ne peux rien avoir au Canada tant que tu ne te seras pas fait une grande réputation ailleurs ». À partir de 1961, la soprano se produira dans les plus prestigieuses salles d’opéra d’Europe, mais également au Metropolitan Opera à New York. En outre, elle tournera en Autriche dans l’opéra filmé Les joyeuses commères de Windsor de Georg Tressler, en 1965. Mais hélas ! cet unique long métrage mettant en vedette Colette Boky ne sera jamais projeté au Québec et reste aujourd’hui encore introuvable en vidéocassette.
Au faîte de sa célébrité, Colette Boky a l’occasion de se joindre à l’équipe de professeurs de musique de l’Université du Québec à Montréal, en 1980, tout en poursuivant sa carrière internationale, sur disque et sur les scènes du monde. Son secret pour devenir une grande cantatrice d’opéra pourrait être transposé dans d’autres domaines et professions : « Il faut avoir une voix naturelle, mais bien formée par la suite, beaucoup de travail, une bonne santé, une grande confiance en soi et un équilibre psychique solide. De la musicalité ; pas question de demi-mesures. Être capable de bien maîtriser les langues. Posséder de la culture et s’ouvrir au monde ».
Cette biographie conjointe est rédigée à la troisième personne, mais quelques encadrés sont écrits au « je ». Le lecteur devrait déjà connaître la voix incomparable de la chanteuse avant de lire ce livre qui se concentre sur les œuvres, les spectacles, les projets ; la vie privée reste uniquement en toile de fond. J’aurais un seul reproche à formuler : certains personnages « disparaissent » de la trame et on ignore ce qu’ils sont devenus, par exemple le premier mari de Colette, dont on n’entend plus parler dans la seconde moitié du livre. De plus, la liste des principaux rôles joués par la chanteuse (en annexe 3) ne comprend pas les années des prestations, seulement les titres des œuvres, leurs compositeurs respectifs, et les rôles tenus par Colette Boky.