Ces textes, choisis et présentés par Normand Baillargeon, constituent une fort belle anthologie. S’ouvrant sur un poème tonique de Jacques Prévert, elle puise à un large bassin : dans plusieurs époques, diverses cultures et traditions littéraires qui ont en commun de parler d’aliénation et de liberté. C’est dire que l’on verra se côtoyer sans être heurté Ronsard, Paul Éluard, Gilbert Langevin, Martin Luther King et François Villon. L’espoir et la révolte, « dits » par l’art, sont ainsi de tous temps. Ces poètes se sont exprimés afin de briser les « moments pétrifiants de l’existence » qui pèsent trop souvent sur nous.
Rodney Saint-Éloi, ami et compagnon de route de Baillargeon, écrit dans la présentation du livre : « Ce qui semble manquer le plus au monde est la révolte et l’amour. Pour contrer l’intellectuellement correct, l’idéologiquement correct et le mode d’emploi qui consiste à dresser des murs entre les hommes, il faut […] nous résoudre à rallumer les étoiles […]. La poésie, la révolution, la solidarité, la fraternité, l’égalité, le peuple, le pain, l’usine, le soleil sont de plus en plus évincés du discours social […]. Il est donc nécessaire de nous rebeller contre l’ordre du monde, contre la tentation totalitaire et l’autosatisfaction des forgeurs de désespoir. »
Sur ce plan, l’anthologie est plus que réussie en unissant poésies de diverses époques et cultures, que complètent des notices biographiques éclairantes.
Et surtout, l’on constate que l’anarchie n’est aucunement une chose du passé, une affaire de musée !