Écrivain vagabond mais ô combien britannique ce William Boyd. Né au Ghana en 1952, l’auteur a étudié à Nice, à Glasgow et à Oxford avant de se fixer à Londres où il vit aujourd’hui. Gagnant de multiples prix de littérature, Boyd est aussi scénariste. Son livre Un homme sous les tropiques (A Good Man in Africa) a été porté à l’écran par Bruce Beresford avec Sean Connery.
La vie aux aguets est un heureux mélange d’Evelyn Waugh et de John Le Carré, autres grands auteurs anglais. Enquête historique et espionnage, élégance et bon goût décrivent cette fiction dont « une grande partie du contenu est fondée sur des faits réels – des faits peu connus néanmoins ».
Roman à deux voix, en canon. Les chapitres alternent entre la narratrice Ruth Gilmartin – qui, en plus de son travail, s’occupe de son jeune fils et de sa mère vieillissante – et la confession désarçonnante de cette mère qui n’est pas du tout ce qu’elle semble être. « Eva Delectorskaya, ai-je murmuré, mystifiée. Qui est-ce ? – Moi, a-t-elle répliqué. »
Ainsi donc Maman était une audacieuse espionne. Dans le journal intime remis à Ruth, elle remonte le temps, raconte ses débuts dans le métier, ses victoires et ses échecs comme agent secret aux États-Unis pendant la guerre, jusqu’en 1941 quand « Pearl Harbour a tout foutu en l’air ».
Cette Mata Hari née à Saint-Pétersbourg a vécu en Chine puis à Paris. Et elle termine sa vie en sage Mémé à Oxford. « Quelque chose dans le ton de ma mère m’avait informé qu’elle allait tout me raconter, chaque petit détail personnel, chaque nuance intime. » Les deux vies parallèles se rejoignent en 1976, en compagnie de la bande Baader-Meinhof, l’exil du Chah d’Iran et la Savak.
La mort, l’amour, la trahison et l’aventure rôdent sans cesse, sinon quel roman d’espionnage serait-ce ? Le thème du secret et du mensonge n’est pas neuf mais il plaît toujours. « Personne ne sait la moitié de la vérité à propos de qui que ce soit d’autre. »