En 2005, Anne-Marie Olivier se méritait le Masque du public et le prix d’interprétation Paul Hébert pour son spectacle solo Gros et détail. Elle revient à la charge avec Le psychomaton qui, à l’instar de son spectacle précédent, nous plonge dans la vie ordinaire de gens ordinaires.
Le psychomaton est une machine entre la cabine photographique (le kiosque à photos qu’on trouvait jadis dans les centres d’achat) et le confessionnal. Josée et Polo, les deux principaux personnages, créent cet appareil à la suite d’échanges populo-philosophiques, au cours desquels ils cherchaient à « combler un manque d’amour » qui serait, selon eux, à la source de plusieurs des problèmes sociaux actuels. C’est sur cette prémisse que repose l’ensemble de cette pièce présentée pour la première fois le 19 avril 2007, au Théâtre Périscope, à Québec.
Les deux grands axes du texte sont, d’un côté, les échanges, parfois savoureux, entre Josée et Polo et, de l’autre, les monologues des utilisateurs du psychomaton. Ces derniers défilent les uns après les autres en déversant leur misère, leurs inquiétudes, les détails du vide existentiel qui les étouffe. Cette parade de tranches de vie, de dénuement intellectuel et d’indigence crasse n’arrive, hélas, qu’à irriter par sa répétition et l’absence d’une quelconque prise de responsabilité de la part des utilisateurs du psychomaton. On en vient à souhaiter que l’appareil émette une décharge électrique suffisamment puissante pour faire réagir ces pleurnichards.
La trame dramatique progresse bien mais contient des invraisemblances dans les niveaux de langue et le lexique de certains personnages, par exemple. Enfin, malgré quelques trouvailles intéressantes, le texte n’est pas sans rappeler l’univers de la télé-réalité dans lequel des individus insignifiants exposent, avec indécence, leur ego malade en espérant, peut-être, de la compassion.