Projections présente 13 photographies en noir et blanc d’Angela Grauerholz et autant de textes d’Andrée A. Michaud. L’auteure s’est inspirée de chacune des œuvres de la photographe pour ajouter à l’ambiance qui leur est inhérente. Elle suggère des villes auxquelles pourraient être rattachées les scènes évoquées et des êtres qui auraient pu les habiter. Elle établit aussi des liens avec diverses œuvres cinématographiques, qui constituent des repères pour le lecteur. Il se dégage de l’ensemble une atmosphère poétique, plutôt grise. En témoigne ce remarquable extrait tiré de « Le grincement des rails – Turner sur la baie d’Along » : « Si l’on entend un bruit, ce sera la fuite d’un rat, le hurlement d’un chien affamé, rien d’autre, famélique, le miaulement d’un chat éborgné. Un cri de misère ».
J’aime particulièrement « New York, New York – La ballade de Lola Nelson » ; à partir de la photographie d’une simple table de bar sur laquelle deux verres sont posés, Andrée A. Michaud nous amène dans un piano-bar miteux de New York où l’on joue du blues. Ou serait-ce plutôt à Los Angeles, à Paris ?
La collection « L’image amie » des éditions J’ai VU se donne pour mission « d’explorer les relations entre la photographie et l’écriture ». Projections répond brillamment à cet engagement.