Esprit pétillant, d’une drôlerie souvent irrésistible, quelquefois même « full crampant », François Reynaert tient la chronique « Société », « Les choses de la vie », dans le Nouvel Observateur. Avec la plume du satiriste, il se moque des idées et des engouements du moment. Passant de la chronique au roman, avec Nos amis les journalistes (roman comique), le caricaturiste laisse la place au bédéiste.
Qu’on en juge par ce résumé de l’intrigue. Le propriétaire d’un grand journal parisien lance son hebdomadaire dans « un truc totalement décalé » : tout dire d’un pays où il ne se passe rien. Pour faire cette moisson du rien, trois malheureux scribes seront expédiés au « Tourdistan ».
Cuistres à l’ego surdimensionné, mal préparés et un peu flemmards, nos braves éclaireurs de conscience en arriveront à confondre un match sportif avec une révolution. Cette méprise, on s’en doute, va entraîner nos plumitifs dans toutes sortes d’aventures pour se sortir du pétrin. Nos valeureux réussiront à masquer leur bévue avant de retrouver, dans l’indifférence générale, le trantran du journal.
À la fois satire (un peu grosse il est vrai) d’une certaine presse et pochade sur le thème de trois nigauds en « absurdistan », Nos amis les journalistes (roman comique) se laisse lire avec amusement. On peut regretter toutefois que la subtilité de l’humoriste disparaisse trop souvent sous la farce un peu balourde.