Le lecteur est d’abord frappé par la candeur surprenante de ce récit de François Cheng qui tient autant du poème que du roman. Deux éléments le composent : l’histoire d’un amour aussi invraisemblable qu’idéal, se situant dans la Chine du XVIIe siècle, et l’évocation d’une culture taoïste où la pratique du souffle vital et le culte de la nature occupent une place prépondérante. On y vit au rythme des fêtes des saisons et des changements de lune ; il s’en dégage un sentiment de communion cosmique où les passions éclatent comme les bourgeons au printemps et mûrissent dans les âmes traversées d’exaltations et de tourments amoureux jusqu’à leur prolongement au delà de la mort.
Seuls quelques récits médiévaux ou des écrits comme La Princesse de Clèves peuvent se rapprocher de cette belle histoire tragique et exaltante qui fait heureusement contrepoids aux débordements de sexualité brute qui déferlent depuis quelque temps sur la littérature française.