L’interprétation des singes raconte l’histoire d’un homme prêt à tout pour faire avancer sa science et, surtout, pour affirmer sa toute-puissance. Célèbre plasticien, Michel Sarastre dirige à Meudon la clinique Bellevue qui s’affiche comme maison de repos mais où les patients, généralement fortunés, se font refaire diverses parties du corps pour déjouer l’âge ou toute autre chose. Un endroit où l’on soigne « différemment », au dire du directeur. Michel Sarastre n’hésite donc jamais pour satisfaire sa distinguée clientèle : manipulations en tous genres, remodelages, greffes, dépeçages les nez, les oreilles, les lèvres, un visage entier s’il le faut ! « Il m’a avoué qu’il aimerait pouvoir trouver un supplice infiniment délicat, une façon de dépouiller progressivement un homme de tous ses attributs pour voir à quel moment on atteindrait son âme, on la verrait le quitter. » Car Michel Sarastre s’intéresse aussi au poids de l’âme
Un journaliste enquêteur, Aliocha, est dépêché sur les lieux en même temps que l’inspecteur Galardine car, à Meudon, de mystérieuses disparitions sont rapportées. Aliocha s’y liera d’amitié avec un jeune orphelin adopté, Damien, qui entretient un lien obscur avec Sarastre. Deux récits se poursuivent en parallèle : l’enquête du journaliste et de l’inspecteur, de même que l’éveil à la sexualité et à l’amour du jeune Damien.
En ce début de millénaire, alors que le génome humain n’a plus de secret pour l’homme, que la sexualité la plus débridée n’est plus tabou, que la science et les gens qui la font devancent l’éthique, qu’Internet rythme nos vies, une foule de questions nous viennent à l’esprit. Aussi, loin d’être banals, les sujets abordés par Michel Braudeau ont le mérite de susciter la réflexion.
Voilà un pavé de près de 700 pages qu’on dévore ! Une écriture efficace, sans fioritures, qui sert bien ce roman d’investigation.