Ce pamphlet du chansonnier belge Julos Beaucarne se veut une sorte de manifeste en prose contre une certaine manière de voir et de concevoir la culture telle qu’on la véhicule depuis quelques décennies. Prosaïquement, la musique populaire est désormais réduite à une industrie culturelle qui vend des produits éphémères. Dans cette logique, la chanson francophone apparaît également comme une victime ou une oubliée de cette nouvelle culture globalisée à laquelle Julos Beaucarne, par ailleurs chansonnier belge ‘ donc marginal car non hexagonal et non anglophone ‘ n’appartient évidemment pas. Ce Front de libération de l’oreille traite aussi beaucoup de la Wallonie, mais évoque à l’occasion des réalités québécoises (l’auteur cite au passage son ami Raoul Duguay) et vilipende sans relâche les méfaits de « la pensée unique ».
Vingtième ouvrage de Julos Beaucarne, subdivisé en six courts textes de moins de huit pages, on y trouve un essai contre les ordinateurs et la musique disco, un texte solidaire des victimes de Sarajevo et de courts réquisitoires parfois anticléricaux, antiaméricains, anticapitalistes ou simplement des appels sincères pour une meilleure solidarité humaine. Le lecteur familier des écrits souvent indignés du Monde diplomatique reconnaîtra ici une critique désenchantée dans le même prolongement idéologique. Personnellement, je préfère les chansons de ce poète généreux à la voix si forte.