MEURTRE SUR LE CAMPUS

Lambert serait Watson et François Faggione, Sherlock Holmes. Ils sont respectivement chargé de cours et professeur retraité de droit criminel à l’Université de Greenbrooke, une ville des Cantons de l’Est au Québec qui est entourée de montagnes et de lacs où sont établis les représentants de la haute bourgeoisie.

Un jour d’automne Jean D. Couture est trouvé mort d’une balle dans la tête. On sait qu’il était déçu et amer du tournant qu’avait pris sa carrière universitaire. Démis depuis quelques mois de sa fonction de vice-recteur, il devait dorénavant assumer un poste sans grande envergure, celui de président de la Fondation. La mort a toutes les apparences d’un suicide sauf que l’arme a disparu. C’est l’inspecteur Marchand qui est chargé de l’enquête par la police, mais le recteur demande à Faggione et à son assistant Lambert de l’assister, de façon à accélérer le travail mais également pour garder un œil sur les intérêts de l’université.

Au fil de l’enquête on découvre que plus d’un avait intérêt à la disparition de Couture. Le directeur général de la fondation aurait commis des détournements de fonds, avec la complicité du doyen, et ceux-ci seraient arrivés à impliquer le recteur dans un chantage assez tordu. La veuve de Couture se découvre bénéficiaire d’une assurance de deux millions de dollars prise quelques mois seulement avant le décès de son mari. Les suspects ne manquent pas.

Pendant que Marchand et Lambert interrogent les témoins ou suspects possibles, Faggione se fait rapporter les faits et il reconstruit le puzzle sans bouger de chez-lui. Le récit culmine dans une confrontation où seront réunis douze acteurs du drame et où Faggione démonte la mécanique de l’intrigue pour révéler quel a été le rôle de chacun et, surtout, qui est coupable.

C’est un pastiche, à la limite de la parodie, un roman policier se situant clairement dans la veine du whodunit. Il y a peu de tension dramatique, les personnages sont trop peu esquissés, c’est véritablement l’énigme qui est au centre du récit. On se croit tour à tour dans une histoire de Conan Doyle ou d’Agatha Christie, mais l’auteur est loin d’en maîtriser les ficelles. En revanche, le milieu dépeint aurait pu être intéressant. On sent que Richer veut montrer l’hypocrisie régnant dans la petite bourgeoisie des villes de moyenne importance éloignées des grands centres. Il tente de représenter ces milieux où se fréquentent les notables de l’université, du gouvernement municipal, de la police et de la finance. Malheureusement, c’est fait à gros trait, et dans une langue souvent très maladroite. C’est dommage, car le propos était intéressant.

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