Patrice Desbiens nous offre avec Bleu comme un feu, un long poème d’amour. Éloge de la femme aimée, éloge de l’amour qui enflamme, la poésie de Desbiens trouve ici sa plus belle expression. Les images abondent dans ce très court texte tout en nuances. Jouant particulièrement sur les figures de la répétition, notamment l’anaphore et l’assonance, il crée un poème qui se donne à lire comme un mantra, même s’il affirme d’emblée : « Elle ne veut pas de / menteries. / Elle ne veut pas de / mantras ». Si certaines comparaisons telle « Elle court après / les pneus de / chars comme / une chienne en / feu », propres au style prosaïque de Desbiens, surprennent dans le contexte quasi religieux de ce poème d’amour, d’autres sont de véritables trouvailles : « Derrière la maladie des / mots / la langue dans son / bréviaire / je murmure son nom / je turlute son nom / comme un ruisseau / qui fait son lit / sous la pierre ».
En fait, la mise en parallèle du profane et du sacré produit des images saisissantes et donne au texte son ton irrévérencieusement révérencieux. Brûlant du feu de l’amour, le poète nous offre un texte des plus réussis.