Le professeur de philosophie, passionné de mythologie et de voyage, prolonge dans cet essai les voyages initiatiques en Grèce qu’il a faits comme collégien d’abord, puis comme guide-accompagnateur de ses étudiants. Dans la ligne de la tradition orale antique, il raconte le mythe plutôt que de l’exposer comme le font les encyclopédies, en l’abordant par un angle nouveau. Aux célébrités de l’Olympe, il préfère les divinités, héros et lieux mythiques moins connus, pour autant qu’ils parlent de nous. Le deuxième tome de ce qui s’annonce une trilogie privilégie le questionnement, qui est mouvement selon l’auteur.Des treize premiers récits regroupés sous le titre « Détruire et créer » se dégage l’idée que la vie est transformation, métamorphose, changement inévitable, violence même. « Peut-on imaginer création sans destruction ? » s’interroge l’auteur. N’est-ce pas le violent coup de sabot du cheval ailé Pégase, lequel atterrit en furie sur le mont Hélicon, qui fait jaillir la source Hippocrène, celle-là même dont on raconte que s’y abreuver rend sage, sculpteur ou poète ? Et cette histoire du viol sauvage de la belle Alcippe, vengée tout aussi violemment par son père Arès, ce qui amènera Zeus à créer le tribunal des dieux, l’Aréopage. Le dieu Arès sera acquitté, mais non sans que Zeus lui reproche de s’être laissé aveugler par l’amour et de s’être fait justice à lui-même. D’autres récits dont « La part de l’autre », qui raconte l’origine de la force physique et mentale du héros Achille, éduqué par le centaure Chiron, rappellent l’importance de cultiver tant la part animale que la part humaine en soi. On trouve aussi « Le sculpteur », personnifié par Pygmalion, dont le désir secret pressenti par Aphrodite est comblé par la déesse empathique qui anime sa création. Dans la version de l’essayiste, c’est la nymphe Galatée qui s’avance nue vers Pygmalion. Un deuxième groupe de récits sous le titre « L’autre visage » présente des forces contraires, vérité et mensonge, liberté et fatalité, vie, mort et immortalité. « Apaté et Aléthée », la première, déesse du mensonge, de la fraude, la seconde, déesse de la vérité. Étonnamment, dans le contexte de ce récit, on se surprendra à donner raison à Apaté. Alors qu’il en va autrement dans « Je me souviens d’un temps », récit du troisième groupe, sous-titré « Fragile mélancolie », où l’on déplore que la monstrueuse rumeur ait écartelé la renommée qui jadis imposait respect. Plusieurs autres récits parlent à l’humain d’aujourd’hui, tel « L’énigme de la sphinge » (ou encore du sphinx), le monstre qui, par ses questions perçues comme des énigmes, nous place face au constat de notre ignorance. L’immortalité est-elle souhaitable ? se demande-t-on dans « Insoutenable immortalité ». Chiron, le seul centaure doté d’immortalité, blessé accidentellement par l’ami Héraclès, supplie les dieux de lui accorder la mort, plutôt que de supporter une éternelle douleur.Alexandre Lebœuf transmet des leçons de vie par ses récits mythologiques en lien avec des enjeux actuels. Il nous persuade notamment que, face aux difficultés, aux efforts pas toujours couronnés de succès, aux deuils, l’humain libre est celui qui continue d’avancer.
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