Ce livre au titre accrocheur porte en fait sur les mœurs, les limites du célibat, le mariage et la sexualité en Nouvelle-France (correspondant à la période couverte par ce premier tome).L’auteur, qui en est à son quatrième ouvrage, nous avait déjà donné une étude sur Frank Zappa : Le petit Wazoo. Initiation rapide, efficace et sans douleur à l’œuvre de Frank Zappa (2010). Son plus récent livre porte sur un sujet totalement différent, mais toujours dans la veine historique, cette fois autour de la question de la nuptialité et de l’alcôve, mais aussi des fiançailles, de l’adultère, des naissances – légitimes ou non – et des divorces chez « des gens ordinaires » et quelques notables sous le Régime français. Sur un sujet similaire, on se souviendra de l’excellente synthèse de l’historien Hector Grenon, Histoires d’amour de l’histoire du Québec (Stanké, 1982).Jean-Sébastien Marsan a puisé dans une multitude de sources secondaires, principalement des ouvrages des historiens les plus recommandables (de Marcel Trudel à Denis Vaugeois), explorés transversalement et généreusement cités.Cette ambitieuse Histoire populaire de l’amour au Québec semblera sans doute anecdotique à certains historiens ; mais le néophyte intrigué et séduit se sentira un peu comme un téléspectateur de l’émission Secrets d’histoire avec Stéphane Bern. L’intérêt est de scruter le quotidien de ces Français du XVIIesiècle qui vivaient sur le nouveau continent, sans négliger la présence des Premières Nations et de quelques protestants. En revanche, l’historien féru risque d’être parfois heurté par le style « populaire » de Jean-Sébastien Marsan, dont la prose est émaillée de mots inattendus qui créent une rupture de ton : « […] les Filles du roi ont-elles librement manifesté le souhait de se farcir une traversée de l’Atlantique ? »). Plusieurs passages à l’emporte-pièce mériteraient d’être précisés, datés ou nuancés, comme cette affirmation au premier chapitre, restée sans note ni référence bibliographique : « L’évangélisation des Autochtones s’est révélée inefficace, n’entraînant que de rares conversions ». Cette phrase ambiguë pourrait être à la fois juste et inexacte : tout dépend de la nation autochtone qu’il est question, de la période à laquelle on l’applique et de ce qu’on entend exactement par le terme « rares ».Mais puisqu’il est salutaire de nous intéresser collectivement à notre histoire nationale et à nos origines communes, souhaitons un large lectorat à ce livre imparfait mais vivant, qui pourra ouvrir d’autres portes au lecteur avide de récits historiques savoureux et pittoresques.
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