« Ils s’échangent des idées, des armes, de l’argent ou des femmes », constate la professeure, écrivaine et militante féministe Martine Delvaux. Son essai, bien écrit et très documenté, remet quelques pendules à l’heure et engage à la réflexion. La culture du boys club n’est, hélas, pas chose du passé.Dans son livre Le boys club, Martine Delvaux rappelle l’historique du phénomène et explique toutes les facettes de cet univers clos, pour hommes seulement. « État, Église, armée, université, fraternités, firmes » et même clubs de golf, rien n’échappe à la plume de la fine observatrice. Jusqu’à récemment, plusieurs clubs privés interdisaient l’accès aux femmes afin que les hommes puissent exercer leurs privilèges loin d’elles. Il existe encore de ces clubs « For gentlemen only », surtout à Londres, où a été lancé au XVIIe siècle ce concept élitiste et sexiste qui a culminé au XIXe siècle. À cette époque, partout sur la planète, toutes les classes sociales s’étaient réservé des espaces uniquement masculins. Au Québec, par exemple, les plus âgés se souviendront des tavernes, qui ne se sont démocratisées qu’en 1979. Elles affichaient – certaines l’affichent encore – un « Bienvenue aux dames » un tant soit peu hypocrite.« Le boys club est un groupe serré d’amis-hommes qui se protègent entre eux », résume la chercheuse. Qui a l’œil ouvert observe sans difficulté les retours d’ascenseur dans les cercles de pouvoir économique, industriel, gouvernemental ou autre.En exergue, l’auteure cite Donald Trump : « I am the chosen one », une affirmation qui en dit long. De son club privé de Mar-a-Lago, Trump représente la quintessence du pouvoir dominant, blanc, riche et mâle. « Le privilège de ceux qui, forts d’une puissance économique, n’ont pas besoin d’être compétents pour réussir. » Trump invite chez lui, en Floride, des personnalités triées sur le volet, qui font partie de son propre groupe de happy few. « Son influence est virale et chacune de ses apparitions, chaque mention de son nom confirme l’existence du boys club. »Il est impossible de parler de boys club sans faire allusion aux plafonds de verre sur lesquels butent nombre de femmes ou à l’éventuelle arrogance de l’homme qui pense avoir obtenu du succès par son seul mérite, oubliant la force et le soutien de son réseau non officiel de collègues et d’amis. Pour étayer sa courageuse dénonciation, Martine Delvaux a mené une recherche impressionnante, comme le démontrent à la fin du livre les nombreuses pages de notes et la riche bibliographie.« J’aurais préféré ne pas avoir […] eu de raison[s] d’écrire ce livre. » Martine Delvaux inscrit son essai dans la continuité des Filles en série et rêve de connaître un jour une société plus juste et plus harmonieuse. Solidaires, nous le souhaitons aussi.
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