MANON – (À sa mère.)
Si tu m’aimes pas, si j’peux pas t’gagner, j’vas t’voler.
Film-culte, Les bons débarras réunit dès sa genèse les ingrédients qui en assurent le succès. Comment en effet rater la cible lorsqu’un scénario de Réjean Ducharme est réalisé par Francis Mankiewicz1 et sa photographie confiée à Michel Brault2 ? Depuis sa sortie en 1980, l’histoire de jalousie, de passion exclusive et de survivance entêtée brille au firmament des grands films québécois et canadiens.
Les bons débarras, la saga d’un amour absolu qu’une enfant éprouve envers sa mère, remporte sans surprise huit récompenses aux prix Génie 19813. Non seulement le film obtient-il le prestigieux trophée du meilleur film, mais le travail exceptionnel de l’équipe, dont celui des Ducharme, Mankiewicz et Brault4, est aussi récompensé.
Et que dire des acteurs ? Rarement un film québécois a-t-il vu deux protagonistes en nomination au Génie de la meilleure actrice. Les bons débarras réussit ce doublé avec Charlotte Laurier, une enfant de onze ans, et Marie Tifo, une comédienne alors quasi inconnue, qui remporte le prix. L’inoubliable Louise Marleau complète la distribution féminine.
Quant aux comédiens masculins, on se souvient entre autres des Jean-Pierre Bergeron, Léo Ilial, Roger Lebel, Gilbert Sicotte, Serge Thériault et surtout, de Germain Houde, jeune interprète encore peu connu du grand public, qui obtient le Génie du meilleur acteur de soutien.
Charlotte Laurier, enfant-vedette
Trente ans plus tard, Charlotte Laurier est une artiste polyvalente, une belle femme dans la quarantaine. Nuit blanche l’a rencontrée dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, au cœur de l’ancienne usine Grover fréquentée par des créateurs et des artisans. Après une montée en soubresauts dans un antique monte-charge, l’entrevue a lieu dans les locaux des Films Vespera que Charlotte Laurier dirige avec son mari.
Depuis le tournage de 1978, la comédienne a conservé son exemplaire du scénario des Bons débarras, aujourd’hui jauni et quelque peu effacé. Elle le prête généreusement à Nuit blanche pour préparer l’article, ainsi que la copie racornie des Hauts de Hurle-Vent d’Emily Brontë4 que Manon, son personnage d’enfant, lit dans le film. Elle s’amuse de la coïncidence : « C’est le seul scénario que j’ai toujours conservé précieusement ! »
Née le 18 novembre 1966, septième enfant d’une fratrie de neuf5, la petite Charlotte est une enfant sage et sérieuse : « J’étais introvertie, plutôt passive. Solitaire aussi, j’aimais jouer toute seule ». La légendaire préadolescente du film coup-de-poing a été choisie parmi 200 autres enfants. « Je suivais alors des cours d’expression corporelle. J’habitais Longueuil et une tante m’accompagnait toutes les semaines à Montréal. Un jour, une agente de casting est venue rencontrer les élèves de mon cours, pour faire du recrutement ; ses bureaux étaient situés dans le même immeuble que Prisma, les producteurs des Bons débarras. On m’a conseillé de tenter ma chance. Je me souviens des nombreuses séances d’audition où je lisais des extraits du scénario. » L’habituel système de la sélection en « entonnoir » a scellé son destin.
Lors du tournage, toute l’équipe prend soin d’elle. Charlotte Laurier constate aujourd’hui : « C’était merveilleux, je le vivais comme un jeu. Lise Abastado, la première assistante, me guidait bien et m’aidait à préparer mes scènes. J’ai vécu un moment privilégié et magique ».
Le public retient de l’enfant-vedette ses grands yeux noirs intelligents et son visage expressif de jeune madone, qui dominent dans le film. Sa présence est intense, à la fois fragile et passionnée. Parfois retenu, parfois tout en éclats, le personnage est celui d’une enfant, certes, mais prend parfois des allures de jeune adulte d’une étonnante maturité.
Mythique Réjean Ducharme
Toute jeune, Charlotte Laurier a été séduite par l’écrivain-scénariste : « Je suis née la même année où Ducharme a publié L’avalée des avalés. Il m’a mise au monde et je le considère comme mon père spirituel. Je ne l’ai jamais rencontré, il n’est jamais venu sur les lieux du tournage, mais la vie nous a vraiment donné rendez-vous ».
GAÉTAN – Qu’est-ce qu’a fait là ?
MANON – Mon possible.
GAÉTAN – À pied ?
MANON – Ça marche mieux.
MANON – La grosse amour…
La grosse musique…
La grosse peinture…
La grosse lecture…
Sont gras dur, ça a pas d’allure.
GAÉTAN – Manon, fais-tu une dépression, hein ?
Manon, as-tu l’estomac dans les talons, hein ?
Te sens-tu mal ? Sens-tu un motton quand t’avales, hein ?
Veux-tu que j’t’enlèves les amygdales ou une poignée de peanuts en écales, hein ?
[…]
Tu veux que j’tire une balle, hein ?
Tu veux que j’me tire une balle…
Non, non, réponds-moi pas, réponds-moi par la malle.
MANON – On sortirait ensemble […].
Puis on aurait un accident […].
Ton sang se mélangerait avec
le mien… dans l’asphalte.
Puis il pousserait une fleur…
L’artiste est encore sous le charme de la beauté de la langue, de la musique des dialogues de Ducharme : « J’ai eu la chance de côtoyer son univers, d’en apprendre le langage ; sa capacité à mettre en mots des émotions d’une grande richesse et à exprimer des sentiments tellement complexes me bouleverseront toute ma vie ».
En relisant récemment L’avalée des avalés, l’une des œuvres les plus importantes du Québec littéraire, elle a voulu en partager un extrait avec les lecteurs de Nuit blanche : « Mon âme, dans un grand cri, d’une seconde à l’autre, va partir de moi : je deviens folle. Il faut que je retienne ma raison à deux mains, que je lui torde le cou pour qu’elle ne se débande pas, pour qu’elle reste, pour qu’elle ne se volatilise pas, pour qu’elle ne s’enfuie pas de moi comme le gaz d’un ballon qui se fend. J’ai envie de faire des drames ».
Depuis toujours, Réjean Ducharme exige l’anonymat et demeure loin des projecteurs. Dans une des rares entrevues que sa mère a accordées6, elle parle de son fils : « Il n’aime pas la société [et il est] contre l’injustice sous toutes ses formes, parce que l’injustice entrave la liberté ».
Et c’est bien ce qui se dégage du scénario des Bons débarras. Écrit en 1977, le film demeure une tragédie classique, une légende mystique dont l’enjeu est la possession totale et complète de l’être aimé. Dans un univers à la fois violent, tendre et poétique, une enfant asociale et intransigeante veut s’approprier tout l’amour de sa mère et, pour y réussir, est prête à éliminer ceux qui s’interposent entre elles.
Les membres de la famille Desroches, la mère Michelle (Marie Tifo), son frère mentalement déficient Guy (Germain Houde) et sa fille Manon, gagnent leur vie en coupant du bois de chauffage qu’ils vendent à de riches familles. Michelle essaie de faire face à ses obligations. Elle est responsable de la maisonnée à qui elle doit fournir travail et argent. La jeune femme n’a rien d’une défaitiste et s’occupe avec vaillance de son insaisissable enfant et de son frère handicapé dont elle a la charge.
Les personnages sont au cœur d’un drame dont ils ne maîtrisent pas le déroulement et qu’ils ne comprennent pas. Il serait tentant de décrire les Desroches comme une famille dysfonctionnelle dans un milieu défavorisé. Charlotte Laurier corrige le tir : « Il n’y a rien de misérabiliste dans ce film ; en fait, ce sont des êtres forts, des survivants. Autant la mère que la fille dégagent une telle énergie, une telle vitalité ».
Manon Desroches
Lors du tournage, la petite Laurier a onze ans, un an de moins que le personnage décrit par Ducharme : « […] tout le caractère possessif, protecteur, passionné de sa mère, mais en secret, en sourd, en dur, en pur, en double, en trouble ». Et il définit Michelle comme « un mélange imprévisible, explosif, de femme mal aimée et de mère qui aime trop ».
Manon est une enfant tyrannique, autoritaire. Elle commande autant à sa mère qu’à son oncle. Son quotidien est lourd et elle est « tannée des mongols », mot qu’elle répète souvent, démontrant le peu d’estime qu’elle a pour les adultes qui l’entourent.
De temps en temps, elle s’amuse. Elle rit même aux éclats, surtout avec le personnage de Gaétan (Gilbert Sicotte), dépeint par Ducharme : « […] la face pleine de plaisir, la tête folle, le cœur vif ». À titre d’exemple, elle va patiner à l’aréna municipal avec ce même Gaétan et sa mère adorée, où ils rient et font les fous avant que n’éclate le drame.
Le personnage de Manon est rebelle, marginal. Elle manipule son entourage, à qui elle ment aisément. Elle déteste l’école et vole quand ça lui plaît. Elle fume des joints et des cigarettes, boit de la bière et des shooters8. Les autres enfants ne l’intéressent pas.
Charlotte Laurier commente : « Bien sûr, il a fallu que je change mon accent, on ne parlait pas comme ça à la maison, car mon père est français. Il a fallu que je répète, que j’apprenne à utiliser ce ton, ce langage parfois dur, qui n’étaient pas les miens. En un mot, il m’a fallu apprendre à jouer, mais j’étais très bien guidée ».
Manon sait aussi être câline et affectueuse. Ducharme a écrit pour le personnage des monologues empreints d’une grande poésie, que l’enfant murmure à sa mère lors de leurs rares moments de tendresse. Manon exige l’amour exclusif de Michelle : « J’t’aime tout le temps ». Elle ne tolère pas la présence de Ti-Guy, qu’elle méprise. Méchante, elle se donne même le droit de le punir : « Ça t’apprendra à me désobéir ». Elle poussera implacablement son oncle au suicide.
L’enfant fera aussi fuir l’amant de sa mère, Maurice (Roger Lebel), de qui celle-ci est enceinte, en inventant une histoire d’attouchement sexuel. Charlotte Laurier se souvient : « Mankiewicz m’avait demandé de sourire légèrement à la fin de la scène des aveux. Je ne comprenais pas pourquoi il me demandait cela. Je l’ai compris beaucoup plus tard. En visionnant aujourd’hui le film, mon propre sourire me donne froid dans le dos ».
Les bons débarras, le film
Dès sa sortie, la qualité du film rallie critiques et public. Tous apprécient l’atmosphère menaçante qui domine le drame, basculant peu à peu dans l’horreur. Le réalisateur Mankiewicz donne à son œuvre une beauté sombre, qui fait encore mieux ressortir l’omniprésence du mal.
Quant à la photographie de Michel Brault, elle est froide, précise et quasi chirurgicale, donnant au film une ambiance feutrée, nordique. Les cadrages du cinéaste centrent les personnages, qu’il installe au cœur de l’intrigue. Des critiques ont comparé les images impeccables du directeur photo à la lumière et à la solitude qui se dégagent des tableaux de Hopper, peintre de l’exclusion et de la mélancolie9.
Comme les personnages du grand artiste américain, ceux des Bons débarras peinent à exprimer leurs émotions. Dans les moments de crise, cependant, Michelle et Manon savent faire éclater leur colère. À l’inverse, Manon est capable de douceur lorsqu’elle veut charmer sa mère.
La musique de grands compositeurs classiques ponctue les moments forts du film, telle la séquence où Ti-Guy ne voit plus d’issue possible à son amour pour madame Viau-Vachon (Louise Marleau). C’est en écoutant l’opéra Gianni Schicchi de Puccini qu’il fera le saut dans le vide. L’aria prémonitoire d’« O mio babbino caro » (« Ô mon papa chéri ») ne se termine-t-il pas par les mots funestes : « O Dio, vorrei morir ! Babbo, pietà, pietà ! » (« Ô Dieu ! je voudrais mourir ! Papa, pitié, pitié ! ») ?
Les bons débarras est un film phare de la cinématographie québécoise et canadienne. En 2003, un sondage de La Presse le proclame le plus grand de tous les films du Québec. Au Canada anglais, le Toronto International Film Festival (TIFF) sonde régulièrement le public, qui place toujours Les bons débarras parmi les dix meilleurs films canadiens.
LES PERSONNAGES DU FILM TELS QUE DÉCRITS DANS LE SCÉNARIO ORIGINAL
GUY DESROCHES (Germain Houde) : 25 ans. Lourd. Un ours. Mal léché. Mal tourné. Bien mal tourné. Avec, encore un peu, en ruines touchantes, le charme de la force tranquille qu’il aurait pu être. Avec des restes de la candeur de son âge mental, de l’enfance de son cerveau mal guéri d’une méningite… mais pas assez mal guéri pour échapper aux coups que donnent les rapports de la vie de famille, de village, d’hôtel, de la “vie normale”. Quand il a bu et qu’il fait l’homme, il cache derrière des lunettes fumées ses yeux qui trahissent sa peur d’animal qui se sait atteint, mutilé.
MICHELLE DESROCHES (Marie Tifo) : 30 ans. Sa soeur. Et son ange gardien depuis la mort des parents. Elle prend soin de Guy comme d’un enfant. De son enfant. De son plus petit. Elle lui donne tous les droits et lui pardonne tout ce qu’il fait avec. Impulsive, nerveuse, sûre. Mélange imprévisible, explosif, de femme mal aimée et de mère qui aime trop. Mince, brune, jolie.
MANON DESROCHES (Charlotte Laurier) : Fille de Michelle. 12 ans. Une vraie enfant : rien encore de la femme. Tout le caractère possessif, protecteur, passionné de sa mère, mais en secret, en sourd, en dur, en pur, en double, en trouble.
MAURICE (Roger Lebel) : 50 ans. Amant de Michelle. Grand. Gras. Un bel homme qui s’est laissé aller. Chef de police de Val-des-Vals. Triomphant dans la médiocrité. Pitoyable dans le sérieux.
GAÉTAN (Gilbert Sicotte) : 25 ans. Tout le contraire de Maurice dont il est le rival auprès de Michelle. Cheveux aux épaules, la face pleine de plaisir, la tête folle, le coeur vif, vigoureux. Il travaille au garage et conduit un mini-bus scolaire.
LUCIEN (Serge Thériault) : Copain de Gaétan. Mêmes occupations. Même genre bohème.
FERNAND (Jean-Pierre Bergeron) : Copain de Guy. Débile lui aussi, mais dans le genre rêveur, passif, soumis, féminin. Une belle chevelure blonde qu’il soigne, comme le reste de sa tenue. Concierge au bureau de poste et à l’hôtel de ville.
MADAME VIAU-VACHON (Louise Marleau) : Cliente fortunée des Desroches. Une belle femme de trente-cinq ans. Parle riche, marche riche, s’habille riche. Mais sans affectation. Blonde. Un rien provocante.
PRINCESSE (Henri) : Copine de Manon. Une vielle chienne. Bâtarde. Mal faite. Tapageuse. Toujours attachée à côté du perron, devant sa niche.
Dans Les bons débarras, Manon lit partout son roman favori, Les Hauts de Hurle-Vent : en faisant la vaisselle, dans son bain, dans son lit, sur un banc de parc, dans le camion familial ou dans l’auto de Gaétan. L’enfant le dévore et plonge avec bonheur dans un monde irréel. Elle s’en fait donner un exemplaire de luxe par madame Viau-Vachon, quand elle le remarque dans la bibliothèque de celle-ci.
Ducharme n’a pas choisi le roman au hasard. Les bons débarras et Les Hauts de Hurle-Vent partagent une intrigue comparable de passion, de jalousie, de vengeance, de liens familiaux malsains et d’un fol amour exclusif. Tout comme Ducharme, Emily Brontë10 décrit un univers impitoyable, sans respect aucun des conventions morales et sociales. Les landes désolées du Yorkshire – appelées moors – où évoluent les personnages du livre correspondent aux forêts et vallons sauvages du Québec où se passe l’action du film.
L’unique œuvre de l’Anglaise paraît à Londres en 1847 et est vite reconnue comme chef-d’œuvre de la littérature mondiale romantique11. Sa structure littéraire « à tiroirs » – ou de poupées russes – est impeccable et le livre demeure un modèle du genre, car Brontë raconte une histoire, dans une histoire, dans une histoire.
Étonnant livre écrit par une jeune femme quasi recluse et n’ayant jamais connu l’amour. L’écrivaine décrit pourtant à merveille de brûlantes passions et des sentiments portés à leur paroxysme. Les Hauts de Hurle-Vent décontenance le lecteur par la violence de plusieurs scènes et par la noirceur de certains personnages.
Charlotte Laurier raconte : « Je n’ai lu Les Hauts de Hurle-Vent qu’à l’âge de 30 ans. Pendant le tournage, quand j’étais enfant, je n’avais pas idée de ce que je lisais, un paragraphe à la fois ; j’ai ensuite doublé ces passages en voix hors champ. C’est beaucoup plus tard que j’ai compris l’histoire et surtout les liens existant entre les deux sagas ».
Les intrigues du film et du livre se déroulent en parallèle, comme indiqué dans le scénario de Ducharme. Les événements du film se synchronisent avec les moments forts du livre. Tel un chœur grec, la lecture de Manon ponctue le film et aide le spectateur à mieux en comprendre l’action.
Jusqu’au bout, les deux récits s’interpellent. Dans la scène finale, lorsque Manon règne enfin sans partage sur sa mère, elle lui lit à voix haute les dernières pages du livre, pour l’endormir. Les mots des Hauts de Hurle-Vent résonnent une dernière fois. « Je m’attardai autour de ces tombes, sous un ciel si doux […]. Je me demandais comment quelqu’un pouvait imaginer que ceux qui dormaient dans cette terre tranquille eussent un sommeil troublé. »
Les bons débarras propulse la jeune Laurier de l’anonymat à la gloire. Elle accompagne Mankiewicz à New York et à Berlin, où le film est en nomination12. « J’ai eu la chance par contre de ne pas être médiatisée ; mes parents et Lise Abastado ont veillé à ce que je ne me transforme pas en ‘icône vivante’, ce qui aurait été terrible. »
Tôt révélée au grand public, la jeune fille connaît une carrière de comédienne qu’elle mène en parallèle avec sa vie d’adolescente et d’écolière. « Ça n’a pas toujours été facile, je dérangeais et je pouvais susciter un peu de jalousie, surtout à l’école secondaire. Je tournais beaucoup, j’étais souvent absente, ce qui faisait de moi un être à part. Je suis devenue encore plus esseulée. Même si je me suis sentie coupable d’avoir autant reçu, de la chance que j’avais eue, je ne me suis jamais sentie une victime du star system. »
Dans la vingtaine, Charlotte Laurier se retire à la campagne, avec son mari et ses trois filles, aujourd’hui des jeunes femmes. « Des guerrières, des passionnées », confie leur mère. L’artiste diversifie ses talents. Elle peint et elle écrit, elle fait des incursions dans le monde du cinéma et de la télévision. Elle est en nomination au Génie 1986 de la meilleure actrice pour La dame en couleurs (Claude Jutra) et au Jutra 1999 de la meilleure actrice pour 2 secondes (Manon Briand).
Aujourd’hui, Charlotte Laurier travaille comme scénariste, réalisatrice et actrice, au théâtre et au cinéma. En 2003, elle monte Capharnaüm au Théâtre La Licorne, sa première pièce d’auteure et de metteure en scène. En 2005, elle présente Autopsie femme à la Société des arts technologiques, dont elle est aussi la conceptrice et dans laquelle elle joue. En 2007, elle écrit, coréalise et coproduit avec son mari un long métrage, Les plus beaux yeux du monde, dans lequel elle tient le rôle-titre et joue en compagnie de ses filles Carlotta, Stella et Pialli.
À l’été 2011, Charlotte Laurier peaufinait de nouveaux projets cinématographiques, sur lesquels elle travaillait fébrilement. Demeurons discrets…
RETOUR AU DOSSIER RÉJEAN DUCHARME
* Charlotte Laurier dans Les bons débarras, ©Yves Ste-Marie / Collection Cinémathèque québécoise (tous droits réservés).
1. Né en 1944, Francis Mankiewicz est mort en 1993 ; il a réalisé entre autres Le temps d’une chasse et Les portes tournantes.
2. Né en 1928, Michel Brault est aussi réalisateur (Pour la suite du monde, Les ordres, etc.) ; il a reçu de nombreux prix et récompenses pour son travail ; il est directeur de la photographie de, entre autres films, À tout prendre, Entre la mer et l’eau douce, Kamouraska, Le temps d’une chasse et Mon oncle Antoine.
3. Depuis 1980, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision honore les artisans du cinéma canadien.
4. Meilleur réalisateur, Francis Mankiewicz ; meilleur scénario original, Réjean Ducharme ; meilleure photographie, Michel Brault ; meilleur montage, André Corriveau ; meilleur son, Henri Blondeau et Michel Descombes. En nomination, outre Charlotte Laurier : Michel Proulx, meilleure direction artistique ; Diane Paquet, meilleurs costumes.
5. Collection « Le Livre de Poche », édition 1975, traduction de Frédéric Delebecque.
6. La famille Laurier compte plusieurs artistes, dont Lucie, autre actrice-vedette de grand talent, et leur sœur Angela, contorsionniste reconnue.
7. Michel Saint-Germain, L’Actualité, 1er octobre 1994.
8. Petits verres de liqueur.
9. Edward Hopper (1882-1967), particulièrement le tableau intitulé Chop Suey (1929).
10. Emily Brontë (1818-1848) a deux sœurs : Charlotte (1816-1855), surtout connue pour son roman Jane Eyre, et Ann (1820-1849), aussi écrivaine.
11. Le roman sort sous le pseudonyme d’Ellis Bell et sous le titre de Wuthering Heights. La romancière meurt l’année qui suit la publication de son livre.
12. En nomination pour l’Ours d’or au Festival international du film de Berlin de 1980.