Marcel Gauchet n'a rien (du moins pas encore) du philosophe à la mode que les médias lancent le temps de quelques saisons. C'est par la grâce de livres austères qu'il entre, et par la grande porte, dans le champ philosophique et on ne se trompe guère en disant que ce penseur-là marquera profondément les intellectuels de son époque.
Marcel Gauchet, jeune philosophe connu seulement des milieux ultra-spécialisés, publie en 1985 Le désenchantement du monde chez Gallimard : un titre presque romantique pour ce qui est en fait « une histoire politique de la religion ». Il n'a pas encore 40 ans, il ne fait pas officiellement partie de l'intelligentsia universitaire – il commencera d'enseigner à l'université en 1989 – et ne travaille pas encore pour l'un des plus grands éditeurs français. Mais il est un intellectuel tout à fait typique de sa génération, celle qui avait 20 ans en 1968 : enfant . . .
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