Une tonne de naïveté ou une prétention puérile, tels sont les défauts requis de quiconque entreprend de présenter Jorge Luis Borges. Qui, en effet, peut le pister sur ses innombrables terrains de chasse ?
Roman policier, nouvelle, traduction, conte, biographie, préface, canular, linguistique, philosophie, fantastique, Borges explore tout, exerçant ce qu'il estime son droit, peut-être même son devoir, de vivifier le passé et d'envahir le virtuel. Inquisiteur sans bourreau, il réécrit ses écrits personnels autant que les textes d'autrui, que ceux-ci soient signés ou fantomatiques. Borges déconcerte d'autant plus que ses audaces quadrillent une large géographie linguistique et culturelle : Grande-Bretagne, France, Espagne, Italie, Allemagne, Rome et Grèce antiques, Islande et monde celtique... Comme, de surcroît, Borges interdit aux genres littéraires de clôturer l'écriture en prés distincts, son œuvre échappe aux rassurantes et osseuses classifications qui guident les acheteurs et dont vivent les universitaires. Heureusement . . .
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