Parler de mes poèmes m'a toujours été difficile. Peut-être en raison d'un mélange de pudeur, d'étrangeté et de scepticisme. Au fond, celui qui écrit sait bien qu'il ne peut guère ajouter à ses créations : une fois publiées, elles appartiennent déjà à la volonté de leurs lecteurs.
La pudeur, je l'attribue à mon propre tempérament ; l'étrangeté vient de cette transformation d'éléments (il y a un instant intimes et secrets) en objets d'analyse et de curiosité ; et le scepticisme obéit au constat qu'il est rare de parvenir à orienter une possible lecture du travail du poète. Plus intéressante que l'écriture des poèmes est leur lecture : l'acte de la création est individuel et anecdotique ; la lecture, par contre, est répétition et phénomène social ; c'est comme la mémoire qui préserve les textes, tandis que l'écriture n'est qu'histoire, point de départ . . .
Pour lire la suite, veuillez vous abonner. Déjà abonné(e) ? Connexion