Au printemps de 1930, en Slovaquie, des soldats fascistes ont rassemblé une kumpania de Tziganes sur un lac gelé. Après avoir allumé des feux autour de leurs victimes, les soldats les ont obligées, à la pointe de leurs fusils, à rester sur place jusqu’à ce que la glace cède et que tous disparaissent dans l’eau glacée avec leurs roulottes, leurs chevaux et leurs biens.
Seuls la petite Zoli et son grand-père, Stanislaus, qui étaient absents, échappent au massacre. À leur retour, ils découvrent une scène horrible : des tas de cendres sur la rive et des objets, chapeaux, foulards, flottant sur le lac dont la glace est brisée. Comprenant ce qui s’est passé, le grand-père se hâte de quitter les lieux. Les fascistes pourraient être encore à proximité Ils reprennent donc la route et finissent par se joindre à une autre kumpania où Stanislaus compte des parents. Zoli, qui a six ans, vient de perdre sa mère, son père, son frère et ses sœurs. Pour toute famille, il ne lui reste plus que son grand-père.
Celui-ci est attiré par le communisme et a un esprit rebelle. C’est ce qui le poussera à enseigner à lire à sa petite-fille, bien que ce soit interdit par les coutumes tziganes. Il l’enverra même quelque temps à l’école, où elle acquerra le goût de la lecture et de l’écriture. C’est ce qui l’incitera à se rendre en classe, malgré les brimades des autres élèves.
Les temps sont durs pour les Tziganes en Europe, dans les pays où les fascistes sont au pouvoir. Ils sont aux premières loges pour constater combien certains hommes peuvent se montrer cruels envers leurs semblables, pour peu qu’ils en aient l’occasion et qu’ils se trouvent des raisons de les mépriser. Toutefois, lorsque les communistes arrivent, le sort des Romanichels s’améliore enfin.
Entre-temps, Zoli, qui chante depuis toujours de vieilles chansons tziganes, a commencé à en composer de nouvelles. Et un poète communiste se met en tête d’en publier les textes. Cela vaudra une certaine renommée à la jeune Tzigane. Mais il y aura un revers à la médaille, un prix à payer
Colum McCann décrit avec beaucoup de talent et de sensibilité la vie de son héroïne, à la fois ordinaire et remarquable. Une existence, en bonne partie, de paria. Ce qui ne manquera pas de lui laisser des plaies indélébiles.